http://www.rouja.fr/illustration/basse-cour-sur-le-chemein-de-la-ferme
Je connais un vieux coq clopinant sur ses serres,
De-ci de-là traînant, en quête de son grain,
Sont couchés les soleils qui couronnaient ses guerres,
L'air ne vibrera plus de ses clameurs d'airain.
Nul soir ne le voit plus, sur la plus haute branche
Préméditant de nuit, dans l'attente du jour,
Une expédition virile et nette et franche :
Dilater à loisir ses intérêts en Cour.
Il tient plutôt le sol parmi poulets, gallines,
Les uns encor niais, les secondes couvant,
Tandis que des pigeons revenus de collines,
Le narguent ingénus, chacun à tout venant.
Amer il cherche l’ombre, y range ses oracles,
Ce qu’ils avaient de gloire et d’ardeurs et de fers,
S’il lisse sa rémige il en fait un spectacle,
Façon d’exorciser sa descente aux enfers.
Viendra bien un moment au cœur de la journée,
Où tiédeurs aidant lui reviendront ses chairs,
Au point qu’il tentera car de race bien née,
L’exercice royal de brasser haut les airs.
Ce sera juste assez pour atteindre la cruche
Ebréchée où se niche un regain d’escargots,
Cherchera qu’il n’est plus susceptible d’atteindre,
Son célèbre contre-ut perché sur ses ergots.
Passeront de la sorte et les heures saumâtres,
Les manèges du jour que berce son ennui,
A d’autres de jouer, crédules, les bellâtres,
S’imaginant l’avoir de leur fait éconduit.
Il a bien quelques fois avec force marmailles,
Fils des fils de ses fils, un semblant de caquets,
Mais ça ne va pas loin, non plus chez les volailles :
Un vermisseau surgit et dévient leurs acquêts.
Ainsi dans le cortège inexorable ou glousse,
Pépie, éclate et chante un peuple en mal de quoi ?
Chacun s'affaire et pense à va comme l’on pousse,
Circonvenir un sort qui le laissera coi.
Aussi l'aimè-je bien ce morceau d'infortunes
Vainqueur, sans écarter de finir aux rancarts,
Me plaît de consoler qui vécut pour des prunes :
Génie irrésolu qui coiffe tous les arts.
© Claude Gauthier
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