(près de la stèle de 24 fusillés à Mende-Lozère)
Le monument des Maquisards au pied du col de la Tourette
……la joie a pour symbole une plante brisée – Musset
Quand soudaine en sa fuite une sente s’esquive,
Après avoir quitté du grand chemin, la rive,
M’invite à l’aller suivre au fil de ses transports,
A partager complice et ravi, ses accords…
Vais-je me rendre sourd, aux accents de l’aubade,
Différer le plaisir d’aller en escapade ?
Que la route aille à Rome – et laquelle n’y court –
L’agreste et vif appel m’attire en son séjour,
Tous les charmes aidant de la pleine nature…
Tout parle de bonheur et de bonheur augure.
L’air s’invente un bouquet des parfums de cent fleurs
Et les branches d’argent en mêlent les langueurs,
Mon âme, rare instant, que l’accueil réconforte,
Se livre à quelque ivresse et savoureuse et forte :
Celle de découvrir du destin, les rappels,
Mêlés au charme flou d’insondables pastels.
Car si le ciel m’assiste et veille en la ramure,
M’envoûte un ruisseau, m’enchante son murmure,
Moussus, des arbres blancs, hôtes sans vanité,
Me parlent au présent d’un temps d’éternité,
Dans ce séjour sans fard comme un pèlerinage.
C’est l’ineffable tour qui consent au partage
De l’Univers entier, au cœur de ce val bleu.
Je frémis de candeur – en tairai-je l’aveu –
Mais c’est au souvenir, de ce matin sans leurre,
D’un mois de Mai qui sut, comptant leur ultime heure,
Donner à des enfants, en passe de mourir,
Ce théâtre de joie où chacun dut finir.
Dans le sous-bois sacré, plein du bonheur de vivre,
Perfide, une agonie et dont le fiel enivre,
Va les faucher ici. Un seul cri : " liberté " !
Des armes ont vomi. Leurs corps ont culbuté.
La terre a bu sans soif, dans l’incertain aurore,
Des fusillés le sang, dont la voix parle encore.. !
Passant ! Retiens ton pas et veuille retenir
D’un martyre passé ce qu’il voulut t’offrir :
Et s’il n’est point heureux que jamais quelqu’un meure,
Que soit permis au moins qu’un autre y songe et pleure…
Leurs tombeaux en s’ouvrant ont payé de leur nuit,
Ta liberté de voir les matins d’aujourd’hui.
© Claude Gauthier
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits