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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 08:45

 

grand-mere.jpg

http://monia2009.centerblog.net/rub-retraites--3.html



Ouvrir ma vie sur ton sourire,
Savoir que dans l’arceau de tes bras,
Semblable à nul autre cache,
Tu bercerais mon frêle corps,
Et, par ta voix si caressante,
Tu m’offrirais tes poèmes,
Etait l’absolu de mon bonheur
Au cours de mes primes aurores.

Mais comment imaginer
Que ton cœur d’ardente bonté
Bâtissait, déjà, dès l’aube,
L’adulte que je suis devenu ?
Comment deviner, grand-mère,
Que ton amour sans borne
Serait le terreau de ma vie,
Qu’il ferait mon bonheur
Tout autant que ma faiblesse ?

Sous ton aspect modeste,
Ton allure de brave paysanne,
Ne parlant pas même ma langue,
C’est tout un monde de culture
Que tu m’offrais au portique de mes jours.
Toi, l’Alsacienne, c’est de Napoléon,
De la Révolution et de La Fontaine
Que tu peuplais mes jeudis.

Lorsque tu me parlais de grand-père
Emue, l’océan de l’amour
Débordant ton cœur,
Lorsque tu racontais mes oncles
Emportés par la fureur
D’une guerre atroce,
Et, plus tard, ravivant papa,
Que la vie, trop tôt m’enleva,
Mon âme saignait avec toi.

Souffle de mes premiers pas,
Gardienne de mon sommeil,
Nourricière de mes allégresses,
Tu étais la femme aimante qui veillait
Le gamin à la santé trop précaire…
Tu étais le cœur nécessaire,
Ma sève enfantine,
Tu étais l’amour vivant.

Je te revois encore
Sur une chaise, assoupie,
Cœur et âme apaisés,
Entourée de ta postérité.
Je me souviens encore,
Du temps fou de nos délices,
Tu perdais volontiers aux jeux,
Respirant la joie de tes petits-enfants
Si belle de tendresse donnée…

Un sombre jour de début juin,
Seule sur ton lit d’hôpital,
Tu m’as quitté abruptement !
Ce matin-là, je ne sais pourquoi,
Mon cœur était en fête
Avant que je n’apprenne
L’écrasante nouvelle.
Jamais plus, je ne verrai ton sourire…

Tu es partie, douce grand-mère,
Et tu as emporté, en d’étranges contrées,
Ma trop courte enfance.
Le ciel n’avait plus la même couleur,
La vie plus la même saveur,
Cœur brisé, homme-enfant,
Je quittais l’école, savoirs envolés,
Âme défaite, pour une vie d’usine
Loin, si loin, de ton flamboyant amour…

Mais à jamais, au-delà des heurts,
Tu règnes dans mon cœur.
Parfois, tu me visites
Lors de mes plus beaux songes…
Et je retrouve alors,
La tendresse et l’innocence,
Tes sourires et ton cœur aimant.
Un jour, je te retrouverai…

© Jean Dornac
Paris, le 23 février 2010



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commentaires

A
Il est rare qu'une poésie m'accroche, comme celle-ci !
Répondre
J
<br /> <br /> Je vous remercie, vous me touchez beaucoup !<br /> <br /> <br /> <br />

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