Extrait du "Pygmalion" de Paul Delvaux - © Fondation Paul Delvaux
Cosmogonie plausible
Dans le chaos des origines
La bête est née
Belle, séduisante et jambes fines
Pour en l’esprit s’y installer
Un dieu guerrier et vengeur
Très habile sculpteur à ses heures
Dans son laboratoire bien équipé
Fabriqua des hominidés
De manipulations génétiques
Il leur donna sa ressemblance
À son image de batailleur
Ainsi l’Homme naquit sur l’heure
De batailles, de saccages en victoires
Il revenait à son terrier, seul
Implorant son dieu, qu’en plus de la gloire
De lui donner un amusement pour le distraire, il veule
Le dieu satisfait des prouesses de guerres de sa créature
Entra dans son laboratoire, fit des plans
Forma dans la glaise de Mercure,
Un moule d’acier, une compagne pour son manant
Femme, il la nomma, à Homme la donna
Rustre il la renifla et brutalement la monta
Il fit ripailles pendant des jours et des nuits
Fit offrandes à son dieu d’avoir fait fuir son ennui
Femme rencontrant les siennes se mit à discuter
Du retour de la bête, elle en est effrayée
Brutal, grossier et malodorant
Elle voulait le chasser
Un complot fut dès lors ourdi
Elles décidèrent de choisir
Le plus beau, le plus tendre, le moins étourdi
Qu’elles allaient se partager
Mais où donc était-il celui-là
Les dieux n’y avaient pas pourvu
Elles firent donc sacrifice aux dieux
Pour qu’ils fabriquent l’Homme espéré
Du haut des cieux, ils entendirent les prières
Des malheureuses Femmes éplorées
Un concile et ils débarquèrent Pour aller Femmes aimer
Femmes n’en demandaient qu’un
Ils étaient millier
Qui paradaient faisant montre de leurs prouesses
De leur force, de leur beauté
Parmi eux, il y avait des poètes
Un chantant des odes, l’autre récitant ses rimes
Femme et les siennes furent éblouies
Étonnées que cela puisse exister
Homme parti en guerre
Elles étaient libres de leur temps
Se choisirent chacune un éphèbe
À la parole et aux gestes déliés
C’est ainsi que les hommes devinrent cocus
Car la grâce et la belle parole
Valent mieux aux yeux de Femmes
Que gloire ensanglantée
© Ode
19 août 2002
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