Au précaire du seuil, de Jean-Louis BERNARD, 43 pages, Cahiers du Loup bleu, éditions Les Lieux-Dits, Strasbourg, 4e trim. 2023,
ISBN : 978-2-493715-41-8
Poésie très pure qui s’articule autour du silence et du temps, lequel s’allonge, s’étire, insaisissable, immatériel ou presque. Son gardien est un vigile guettant les ondulations de l’oubli.
les marées font mémoire
le passé n’a plus d’âge
lors même que les heures
s’obstinent
À l’instar du titre, ce recueil s’inspire de transhumances, d’oracles, d’inabouti, de vertiges nomades, d’yeux vagabonds, d’innommé. Toujours, Jean-Louis BERNARD est aux antipodes des certitudes, des affirmations péremptoires.
Seule une majuscule signale le début d’un poème qui coule telle une source et s’affranchit de toute ponctuation, laquelle est remplacée avec bonheur par la mise à la ligne et la mise en pages.
Les vers sont en prise directe avec une nature plutôt lunaire faite d’épines, de brumes et de halliers…
posée
sur un embrun
une mouette volage
guette
l’archaïque du vent
Et l’écrivain de conclure cet opuscule lourd de sens, tout à la fois humblement et provisoirement sur son seuil précaire :
mais l’encre
trébuche sur les pages
parole démembrée
comment trouver le silence
juste
J’ai envie de dire que ces textes ne font qu’un dans une recherche cohérente, continue et en quelque sorte infinie de l’âme humaine et de la résonnance des mots. De plus, l’ensemble de l’œuvre chez Jean-Louis BERNARD constitue un remarquable et homogène continuum pour notre passion du verbe.
©Claude Luezior
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