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VISUEL : La grappe des Pierres bleues
Premières lueurs
Alors qu’une outarde canepetière s’envole à grands coups d’ailes, l’Alsace s’éveille.
Sur le coteau, une fumée bleue monte en volutes d’un brasero où brûlent les sarments : première mélodie de la vigne dans la bise de janvier.
C’est aujourd’hui jour de la taille et du liage des sarments.
Estelle, blonde vigneronne aux yeux clairs, m’offre une leçon de choses :
- Toi l’auvergnat, regarde ce cep de vigne ; son corps tourmenté cache en réalité une grande douceur à qui sait la prendre.
La vigne est une liane ; il faut la tenir, sinon elle s’échappe.
Durant le solstice d’hiver, ma vigne est telle une Dame habillée de soie, poudrée de frimas.
Tous les jours, je viens à sa rencontre.
Avec la taille, j’anticipe le trajet de la sève. La coupe des sarments se fait toujours en biseau, en laissant quatre ou cinq yeux, pas plus. C’est aussi l’heure de donner au pied de vigne une forme harmonieuse.
Regarde à nouveau ce cep. N’y vois-tu pas une harpe, bien aérée pour laisser le vent chanter ?
Roides sont les heures où Borée arrive par surprise avec la dent dure d’une gelée.
Bistre sont les jours où les ceps deviennent des statues immobiles dans un lourd sommeil.
- Estelle, ta vigne est tissée de mystère et d’amour.
Va et ne te soucie guère, le duvet de la brume est porteur d’espérance.
- Tu as raison l’auvergnat. Il faut croire en demain.
J’ai appelé ma vigne Les Pierres bleues. Elle est orientée sud-ouest pour bénéficier du soleil et du vent, avec un sol constitué de rhyolite, une pierre qui renvoie fort bien la chaleur la nuit.
Le jour décline et sonne l’heure du retour pour déguster la fierté d’Estelle :
Les Pierres bleues
Riesling, 2008
Une ode monte du terroir alsacien.
Comment vous définir ce vin ? Je perçois un peu de volatile. Si, vous voyez bien, quelque chose comme la plume du geai au creux de la chênaie. Et ça, ce n’est pas rien !
Puis arrive , avec le blond sourire d’Estelle, un brin de poésie :
LE CHEMIN BLEU
Habillé d’écailles et de perles
Le chemin m’entraîne
Vers les rets des abysses bleutés
Ô Sirène
Emporte moi vers l’azur
J’enfourcherai Pégase
Pour cueillir l’inépuisable ondée
Source de tes baisers.
©Roland Souchon
janvier 2024
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