Dans le fond du jardin
il y avait un petit mort
Muet au dessous de son arbre,
l'écureuil, couché sur le côté,
l'oeil serein, la griffe courbe
Mort de vieillesse en juillet
alors que les fruits sont verts
à peine formés mais les écorces
déjà molles aux quenottes
L'écureuil est bien tout roux
comme on le dit et sa queue
d'écureuil mort dans le fond du jardin
ressemblait à une large plume d'oiseau mouillée
En septembre dernier, tu filais
de sureau en sureau, tôt
le matin avant que je me lève
Pour choisir tes noix et tes noisettes
et les enterrer
Maintenant que la mort
t'a surpris au pied de ton arbre
je peux te dire que les fruits ont germé :
Comme des lentilles
entre deux couches de coton humide
C'est un noyer qui s'échappe maintenant
de la coque de tes noix...
À Hyde Park, tu nous avais beaucoup amusé ;
Sautillant, l'oeil furtif, aux aguêts,
quémandant cacahuète sur cacahuète
-Seulement une à la fois-
pour les enterrer un peu partout
dans la pelouse entretenue à la tondeuse
du grand jardin londonien...
Ah, l'écureuil, je te regardais
grimper dans les sapins au dessous de Zerinatt
Il y a des années de cela,
et te laisser parfois apprivoiser,
les pattes arrière en haut, bien élevées,
les pattes avant en bas, hésitant toujours,
bien fébrile, à prendre dans ta petite main
les friandises des promeneurs...
Un grand écureuil tout roux
mort dans le fond du jardin
sous son arbre, l'oeil serein
©Pierre MIRONER
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