Le balancier de l’été éveille notre sensibilité en nous rappelant qu’il faut étudier les grands anciens et être à l’écoute de la nature : deux piliers à suivre sans rigorisme ni puritanisme.
Le jour se lève à Roche Savine.
L’étoffe subtile d’un bleu habille de fraîcheur l’ubac.
L’eau agile d’une cascade danse avec les reines des près, blancs toupets odorants bourdonnant d’abeilles.
Le chemin blond fleuri de digitales décline les couleurs du Haut Livradois.
L’Auvergne tisse les fils bleutés d’un conte tandis que les feux hurlent et dévorent les cinq continents.
A trois heures d’ici, la Grèce est la proie des flammes.
La sainte montagne d’Athos n’y peut rien. En vain les flots murmures des prières. Inutiles incantations.
L’Acropole d’Athènes s’envole dans un nuage de cendres. Phidias et Périclès pleurent.
Prométhée a de nouveau dérobé le feu. Athéna revient.
Heureusement, le portique des Caryatides demeure vivant dans la lumière sacrée de l’Erechthéion.
L’Ether lumineux qui baignait le sommet de l’Olympe vient aujourd’hui incendier le char de l’aurige.
Mais que sont devenus les chants d’allégresse du peuple des Hellènes, la plume des poètes guidés par la voix des Muses ?
Pourquoi brûler la lyre d’Orphée ?
Le Sphinx ailé gardien de l’Oracle va-t-il triompher des torches de titans aveugles ?
Vague après vague, j’entends chanter Sappho qui, sur son île de Lesbos, continue à servir la beauté.
Qu’arrive l’éternelle eau nourricière pour fleurir les prairies d’asphodèles.
Gageons que demain la plénitude habitera le cœur des hommes pour que l’horizon devienne l’éminence où l’on ignorera l’indifférence, la violence et la haine.
De retour au village de Roche Savine, je mesure la densité de la Terre Mère, la source fécondante des saisons servie par les forces puissantes de la nature.
Trois jeunes crécerelles plongent vers l’étang des Escures.
Le soir descend, j’écoute le ruissellement du temps.
©Roland Souchon
le 22 juillet 2023
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