Je restais près du Gange à regarder les pèlerins aller et venir
Depuis les rues et les ruelles de la ville et du pays indien tout entier,
Je restais sur les ghâts, et les voyais s'approcher, chacun à son rythme
Depuis les rues des plaines, la jungle et le désert de sable chaud.
Issus de toutes les races, de toutes les tribus et de
toutes les castes, ils se dirigeaient vers le fleuve,
Venant de toutes les régions d'Asie et certains de l'Ouest lointain,
Et là, au bord du Gange, je regardais sous les rayons brûlants
Du soleil de l'Inde, des rois et des mendiants, capables
du pire comme du meilleur.
Et là ! Je vis le jacquer aveugle rangé du côté du Rajah ;
Chacun se tenait, jugé non par le rang ou le pouvoir,
mais par ses actes et ses choix,
Tous les hommes arrivaient chargés de leurs péchés,
jusqu'aux berges du Gange
Pour y baigner dans ses saintes eaux leurs prières et celles
de leurs frères.
Sur les marches des ghâts je les vis issus des tribus de l'homme,
Sortis des villes et de la jungle, et des déserts de l'Est.
Coiffés d'un turban rouge ou d'un turban blanc, à mesure
que le flot coulait
Je les contemplais chacun en harmonie avec son frère,
du plus important au plus modeste.
Les temples de grès se reflétaient malgré la brume lourde de chaleur,
La rivière miroitait à la manière des lames luisantes de l'Orient.
Quittant le ghât les pèlerins allèrent à la rencontre du fleuve sacré.
Je vis le Rajah sur son palanquin, et le prêtre dans son ombre.
©CLARK ASHTON SMITH, traduit par ©PIERRE MIRONER
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