Mike Agliolo
VIEUX MÉCHANT SUR TON DOS
J'AI POSÉ MON ÉCRITOIRE
moi dépoitraillée, moi dotée de sombres ailes
Je suis la Mémoire
et je consigne, monstre infâme, mangeur d'enfants,
dans mes annales des enfers de flammes,
car je n'oublie ni la Chute de ROME ni Treblinka,
ni les serpents d'Éden, ni la Saint Barthélémy.
Vieux méchant rouge comme loup affamé
agrippé à ta faux dentelée de janvier, la gueule
gluante de sang,
au moins tu peux me servir, valet odieux,
de support à mon plateau et à mon stylet
qui grave tes horreurs, tes misères, -Temps
bestial et meurtrier.
Oui, moi, dépoitraillée et même défaite jusqu'au nombril
grasse et pleine de bracelets à un euro d'or
je m'attache à rapporter par le menu toutes les affaires
de blanchiment d'argent,
les assassinats légaux et les empoisonnements d'abeilles,
Vieux méchant, - que la fortune et sa corne d'abondance
oublient ton existence, toi, l'horrible, un bras d'enfant
dans ta gueule de dragon ;
tes mains abjectes découpent la viande vierge pure
et ce toujours plus de sang nous fait dire :
« Ah, comme le temps passe... »
Moi, je suis l'Histoire, je suis l'Histoire inventée
par les hommes de bon sens,
par les Michelet, les Hérodote et les Césars divins,
et tout sera consigné, vieux Temps mauvais,
de tes camps d'extermination et de tes prisons
internationales aux tortures muettes.
Toutes les bombes, tous les avions explosés en plein vol,
toutes les escarmouches mortifères avec les fous tribaux,
tous les parricides, -toute la saleté du monde sera gravée
sur cuivre.
Car je suis la Mémoire du Monde,
celle que l'on dit universelle.
©Pierre MIRONER
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