Voici une histoire vraie, une histoire que je considère nécessaire pour l’époque dans laquelle nous vivons ! Lisez, essayez de méditer et voyez la beauté, la grandeur d’un gamin de 7 ans ! merci chère Jeanne !! (Jean Dornac)
On a dit bien du mal de ce peuple parti de France encouragé par le gouvernement pour peupler cette nouvelle conquête qu'était l'Algérie devenue française par les armes hélas, comme il était de triste coutume alors. C'étaient de pauvres gens pour la plupart miséreux qui, comme les colons anglais partis pour l'Amérique, espéraient avoir une vie meilleure.
Ces pauvres exilés, appelés Pieds Noirs à cause des bottes des soldats français de l'époque, contrairement aux Arabes qui marchaient pieds nus ou en babouches, furent critiqués, maudits par le peuple de France car l'armée envoyait de jeunes Français de métropole mourir là-bas pour maintenir cette colonie.
J'ai connu une famille rapatriée en France, le père instituteur disait toujours que les petits arabes apprenaient deux fois plus vite que les autres ; et la mère, Madeleine, issue d'une fratrie de cinq enfants et de famille très pauvre, avait le cœur sur la main ; d'autre part elle eut très jeune des jumeaux à nourrir dont l'un s'appelle Christian.
Un jour, au bled, un village nommé Aïn Farhès, et comme cela arrive ici chez nous aussi, une pauvresse accompagnée de son fils en larmes vient mendier à la porte de Madeleine ; selon son habitude elle donne de bon coeur du linge et de la nourriture ; l'enfant pleure toujours ...C'est alors que Christian, six ou sept ans, tend à l'enfant son petit tracteur jaune en métal qu'il venait d'avoir pour Noël ; l'enfant le prend et cesse aussitôt de pleurer.
Madeleine pourtant issue d'une famille très pauvre, elle qui a la vie dure puisque ses premiers enfants sont des jumeaux, ne fait pas un geste de regret. Elle aurait pu gentiment s'opposer : « Ah non, pas ton cadeau de Noël, voyons ! » Mais elle ne dit mot.
Une fois les mendiants partis, elle embrasse même son fils. Alors le petit Christian, le cœur gros est parti pleurer dans un coin ; il pleura longtemps son petit tracteur.…
Il est facile de distribuer le superflu ou la surabondance, mais pour ce qui est du nécessaire ?
Pour un enfant, le cadeau du Père Noël, c'est le trésor souhaité et exaucé. Quelle bonté faut-il avoir déjà pour se défaire, à sept ans, du nécessaire…
Cet enfant, sans tracteur, rapatrié d'Algérie, a grandi en France ; il a grandi, est devenu instituteur comme son père et allez savoir pourquoi, c'est moi, fille de pauvres immigrés espagnols sans tracteur qu'il a épousée.
© Jeanne CHAMPEL GRENIER
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