De la fleur d'oranger je devrais ressentir
les bienfaits. Fortifié dix-sept fois, le château
de René attend mon bon vouloir : c'est l'ardoise
qui séduit le regard. Je m'apprête à partir,
''Sans asile et sans nom''. Du passé coule l'eau
de mes nuits, viatique sirupeux de l'armoise.
Le rayon matinal allume en chaque ville
un vitrail ; voyageur pose ton lourd fardeau
La Loire échange son lys contre de l'oeillet
et demain tu verras l'Aragon, la Sicile :
le Bon Roi duc d'Anjou te fera le cadeau
d'une fleur d'oranger pour ton gros cœur douillet.
En chemin Laurette est venue à ta rencontre
conseillant : « Prudence est mère de sûreté »
Égarés, des faciès aux abois pleins de peur
ont voulu acheter près d'un feu ma montre,
des gitans parlant grec mais sans identité.
Partager leur alcool ne fit pas mon bonheur.
J'ai moitié moins de poids maintenant, paisible
je m'assois dans des trains, sensible au paysage.
Ne pas vagabonder, ni forcer des clôtures,
par chance, ces indiens ne m'ont pas pris pour cible !
Pour les passagers je suis un poète sage
la poche pourtant pleine de noix et de mûres.
Le filet de Sorgues paraissait épuisé
Les rigueurs de l'hiver l'auraient donc rétréci ?
Me voyant arriver l'Ennui s'est apaisé
La margelle du puits où sombre le souci
est déserte : Laure est sur le seuil de son logis
qui a toujours été hanté par la magie.
Je crains de prendre la Tarasque dans mes bras...
On dit qu'à Beaucaire, on trouverait sa maison.
Laure est bien de Noves et sa beauté inchangée
sur toute la région y répand son aura.
Divins les fils dorés de sa blonde toison,
de formules sa langue bifide est chargée.
©Pierre MIRONER
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