Nicolas POUSSIN : L’inspiration du poète
Le soleil danse sur les collines quand vient à chanter une fauvette. La caresse de son chant fait éclore les premiers perce-neige.
Oui, bien sûr, vous l’avez certainement constaté ce désir, cet élan qui monte chaque jour.
Tout devient possible. L’inspiration jaillit.
Ma plume calligraphie voyelles et consonnes sur un cahier d’écolier. Tour à tour s’installent une lueur, une sonorité.
Voici le A, arc-en-ciel sur l’amandier qui donne le bras au Z : l’alpha et l’oméga, clef de l’univers et des douze constellations.
Le temps d’une chanson et vient le S avec sa touche de lumière, bleu tel un saphir.
Prose, vers, rime, assonance, il faut trouver son mètre en syllabe et octosyllabe, jouer habilement des césures et élisions.
Mais comment arriver à une concision chatoyante ?
Simple, me direz vous si l’on suit Paul Claudel qui a écrit dans Cent phrases pour éventail :
« Il faut qu’il y ait dans le poème un nombre tel qu’il empêche de compter. »
Sans cesse, il faut plonger sa plume dans l’encrier de la ferveur, s’émerveiller de l’aléatoire, s’éloigner de la vérité pratique et chercher partout où la raison n’a que faire.
Et si l’encre sèche parfois, c’est pour mieux respirer ce bleu qui vient de naître au jardin d’herbes folles. Là, l’œil intérieur aux aguets, il suffit d’attendre la main d’Orphée pour rejoindre le cœur d’une rose sauvage où s’épanouit le sourire d’une muse.
Il faut des heures de réflexions, d’observations, d’émotions pour que, soudain, en une poignée de secondes, vienne une métaphore aux vives couleurs.
Dans la cour des poètes, il n’y a point de mélancolie stérile ; c’est derrière le rideau de perles de l’averse que l’on rencontre la nostalgie fructueuse.
De l’azur descend en cascade un bleu intense, inconnu jusque là, puis, à la faveur d’une farandole, il remonte les marches du ciel en jouant dans les bras de l’arc-en-ciel.
J’y vois une clarté palpitante et douce à la fois, une lumière qui ne s’éteint jamais : le sourire de ma mère.
2023
VISUEL :
de Nicolas POUSSIN : L’inspiration du poète (1628-29), musée du Louvre, Paris
Poussin le poète annonce le retour aux sources, l’harmonie entre l’homme et la nature.
De sa vie entre Venise et Rome, Nicolas Poussin se nourrit des enseignements de Raphaël et du Titien.
Cette allégorie représente un poète épique visité par la muse Calliope et Apollon.
©Roland Souchon
www.rolandsouchon.com
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