Tableau :
Éclaircie, huile, 1990
Exposé à Bruxelles en 1992. Collection particulière.
© Monique Thomassettie
1995
- Ouvre-toi, regarde... Le rouge lumineux et parfait du soleil couchant a le pouvoir d'apaiser les peines de cœur. Même quand il a disparu derrière les toits, et qu'il se reflète encore sur une vitre, sa brève incandescence t'interpelle. Si tu voulais, au moins, essayer de voir, au lieu de te refermer sans cesse...
- Tu parles comme une carte postale romantique de la côte !
- Mais tu es romantique ! Sans cela, tu ne souffrirais pas...
Mon argument la touche. Elle s'entrouvre, prudemment, attend d'autres paroles.
- En contemplant la beauté, non seulement tu distrais ta pensée de ton chagrin, mais tu découvres un autre objet digne d'amour.
- Quand j'écoute une belle musique, je pleure...
- Tant mieux. Tu ne pleures pas seulement sur toi, mais tu pleures d'émotion d'entendre une musique qui exprime ta douleur, ou qui chante la joie, une joie que tu croyais perdue, et que tu découvres ailleurs...
- ...
- Oui ?
- ... Si nous partions en voyage... pour découvrir un horizon, un soleil qui ne soit pas masqué par les maisons quand il descend le soir ? Tu m'as parlé de ces pays de ta jeunesse...
- Quand tu veux. Nous ferons provision de soleil. Tu reviendras éblouie, éblouissante, et peut-être l'éblouiras-tu...
- ... Et toi ? As-tu aussi, dans ta vie, eu besoin de contempler le soleil couchant ?
- Je suis arrivée à un âge où je le préfère levant.
- C'est drôle, ça !
- Ce n'est pas une boutade. Je veux dire que l'âge, paradoxalement, mène vers les commencements...
©Monique Thomassettie
Soleils, conte extrait de mon recueil Les Seins de lune.
Recueil de contes paru aux Éditions Luce Wilquin en avril 1998. Soleils écrit en 1995.
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