Soigneusement dissimulée, pendue à sa patère, nombreux sommes- nous à posséder une robe usée jusqu’à la corde dite avec prétention « robe d’intérieur », à laquelle nous recourons aux incertains réveils de nos faussaires saisons.
La petite nouvelle est là pourtant, neuve, propre à nous rassurer, toute prête à endosser d’anciennes suppliques de chair comptant désormais « pour du beurre » … Mais comment lui faire adopter les notes tristes ou joyeuses des berceuses d’enfance, de celles qu’on se plaisait à chantonner sur la pulpe des doigts ou sautant à cloche pied ?
Bien que réfugiée dès lors dans nos tendresses plus chastes, notre robe de chambre démodée se plaît à évoquer à sa place la volupté des caresses velours, la ténacité des taches indélébiles, aussi coriaces à effacer que la faute originelle ayant enlisé le début des mondes.
Nous avons tous au fond d’un placard miteux, quelque pelure honteuse qui reprend à son compte la morosité de nos suppliques d’hier.
©Jeannine DION-GUERIN
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