Editions Unicité, deuxième trimestre 2022
« Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage »
J. Du Bellay in Les Regrets
Ce nouveau recueil est différent des nombreux opuscules rédigés par l’auteur, il n’est pas une suite de poèmes, mais un récit poétique ponctué par vingt chapitres tous à la gloire de la Provence.
Dans ce livre, deux thèmes se détachent nettement : la Provence, et la recherche de fraternité, du pardon.
Comme Le Guen-Kâpras nous l’a écrit dans son aimable dédicace cette ode à la Provence féconde la flamme du cœur.
La Provence elle ne cessait de m’émerveiller par sa propension à iriser follement les oliveraies immortelles, les sarments charnels, et les richesses arbustives.
L’auteur se plonge dans les origines de cette région qu’il aime, quelque part dans la nuit je renouais avec les origines historiques de Marseille, l’âge d’or de cette cité quis’estompe en l’an 49 av J.C.
Tout le fascine : les paysages, les peintres, les écrivains, le moulin de Daudet et sa sensibilité piquante qui s’élevait comme un écrin, l’odeur des épices marchandes, la nourriture spirituelle dans les lieux culturels, Arles le retient avec son théâtre antique, sa scène vertigineuse/ remparts d’une flamme propre à éclairer/ un jupon d’offrandes, les Arènes, la fondation Van Gogh, le musée Réattu dont le prieuré règne sur une antique destinée.
Et lorsque la ville d’Aix en Provence se déploya sous mes pieds, la vie de Paul Cézanne s’enveloppa d’un drap royal.
Moult réflexions surgissent sous la plume érudite et poétique de l’auteur pour endiablée qu’elle fût, la vie sondait l’indicible, ce qui m’était caché parmi les vérités qui nous construisent : l’acquisition du savoir, la plénitude des émotions, le monde du rêve, l’écoulement du temps, il ne nous reste plus qu’à méditer, réfléchir… une hirondelle s’envole ; un voile de nuages flotte dans le vent.
Le Guen-Kâpras est hanté par la recherche de la fraternité, cœur tourné vers la source, il écoute le feu du levant se demandant s’il faut brûler pour renaître à la fraternité ?
Vêtu de sable, de nuit, de rêve, il avance sous la lente morsure du vent, sachant que chaque vie est assaillie de rythmes, c’est pourquoi l’auteur prend cette résolution : je vivrais attentif à l’écoute des actes barbares et inhumains.
Bien que, étant totalement opposées, Poésie et Réflexion se fondent, s’interrogent, l’une vit dans les chimères, le rêve, le pourquoi pas, l’autre dans la maîtrise des pensées, c’est ce que réalise l’auteur dans ses questionnements pour rebâtir un monde, de fraternité, d’amour, d’ordre : je me sens démuni face à un monde sanguinolent …, le bien fondé de notre société n’est pas seulement de mettre l’homme debout, mais de chercher ce qui élève sa quête de l’au-delà et ici l’auteur songe à V.Hugo : la solidarité des hommes est le corollaire invincible de la solidarité des univers.
L’auteur est un méditatif, un pacifiste, aucun peuple, aucune ethnie, aucune religion n’est exemplaire si chacun, a ses héros.
Il marche en quête perpétuelle vers une vie meilleure, pacifiée, une vie où le pardon grandit l’homme, c’est pourquoi je cherchais la fraternité féodale.
Réconforté par son périple, ses réflexions : face aux tristes larmes que j’avais oubliées, je préférais cultiver le pollen du soleil, c’est peut-être la voie de l’espérance.
Le recueil de Le Guen-Kâpras nous fait penser à une phrase de Khali Gibran : la poésie n’est pas une opinion qu’on exprime, c’est une mélodie qui s’élève d’une plaie béante ou d’une bouche de sourire », mais les oiseaux ont parfois des ailes de glace…
Nous ne pouvons que conseiller au lecteur de lire, méditer sur ce recueil qui le fait voyager, réfléchir sachant que nous déroulons sans cesse un fil à nœuds qui se balance contre les parois du vivre.
Nous reprendrons ici une phrase du poète Claude Luezior : Écrire, c’est officier sous la voûte des étoiles, c’est chercher le gui à mains nues, sur les ramures du chêne. Lire, c’est participer à la grand messe de l’esprit. Et prier à sa manière. Lire, c’est remplir son âme d’alcools fort. C’est ce qui se passe à la lecture de Cet Outrerose qui fascinait le saphir du cœur.
©Nicole Hardouin.
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