illustration H. Avelot
Branle-bas de combat dans la fourmilière.
Au solstice d’été
Des musiques et des chants
Des rythmes tambourinés
Rondes écervelées dansées par les enfants
Ont plu, éclaboussé, jusqu’en fond de bruyère.
Qui donc ose la fête plutôt que travailler
S’offusquent les prévôts ?
Lesquelles de paresser
Quand le temps est au beau ?
Les herbes bruissent dans le pré.
Cliquetis de semelles
Marche guerrière cadencée
La tribu de fourmis au matin s’est lancée
À l’assaut d’un hameau flanqué d’une citadelle.
Que se passe-t-il donc dans cette maisonnée
Qui ait pu alerter gardes et sentinelles ?
Deux petites dit-on, à l’âme pas très sage
Se seraient, au printemps, converties en cigales.
Pliés toiles et bagages
Emballés dans des males
Pinceaux et maquillage
Les voici qui s’enjouent pour le rêve frugal
D’exotiques rivages.
Effroyable présage !
Les fourmis n’y ont cru, les ont vilipendées
Prises au dépourvu, vertement houspillées.
Chantez dans le soleil, ont-elles prophétisé
Et vous saurez bientôt, à l’heure de danser
Le sort des imprudents
Quand s’installe l’hiver et que griffe le vent.
Mais voilà, les cigales ont du tempérament.
Demoiselles n’ont cure des discours édifiants.
La décision est prise : nous partons sur le champ !
Affables les fourmis
Qui malgré ce qu’on dit
Savent se révéler de bonne composition
Leur ont offert des fruits
Des paniers en osier, garnis de provisions
De fines perles de miel, enrobées de pollen
Petits paquets de graines
Aiguilles et rubans, un écheveau de laine.
Bulles légères, cristallines, écloses en vers d’une fontaine
Les filles ont célébré le verre de l’amitié
Les lendemains sans chaines
Le vent de liberté.
Bonne route les cigales, petites sœurs des hirondelles !
Chantez l’été,
Dansez l’hiver
Nous viendrons vous rejoindre quand pousseront nos ailes.
©Serge Lascar
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