Un oiseau s’est posé sur un fil barbelé.
Un oiseau alouette
Ou bien une fauvette
Une bergeronnette ?
Un oiseau funambule sur un filin d’acier.
Boule de plumes minuscule, perché en équilibre sur une pointe acérée
Il frappe à coups de bec les mailles du filet
Tendu par la faucheuse pour répandre l’enfer
Sur les yeux, dans les cœurs, le cortège des mères.
Un oiseau s’est posé sur un fil barbelé.
L’oiseau piaille à tue-tête le matin renouveau
Les larmes asséchées du printemps, de l’été
Reddition des corbeaux.
Un oiseau s’est posé sur un fil barbelé.
Il lance - Plus jamais ça ! à qui voudrait l’entendre
Mais qui ne l’entend pas
Qui ferme les persiennes sur les visages tendres
Des enfants oublieux accrochés à leurs pas.
Un oiseau s’est posé sur un fil barbelé.
En une ode à la vie, violée par les barbares
Son chant ferme les plaies
Stridule l’Hymne à la Joie.
Pénitences avares
Retenues à l’instant des rêves de tendresse
Les âmes se déploient
Les mémoires se noient dans le Livre Néant : Il était une fois
La sagesse abandonne la raison à l’ivresse
Des feux, bénédiction, éphémère liesse
Procès avant-coureurs des guerres aux indigents : Une dernière fois ?
L’oiseau s’est envolé dans le ciel barbelé.
Accablé, il s’efface lors s’agitent les poings
Et son chant à l’aveugle piaille : Plus jamais ça !
©Serge Lascar
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