Dédié à Mr Baldeck
comme une caresse infinie
il pleut de la neige
qui glisse dans les rides
de mon vieux visage
gamin, avec les copains d’école
nous avalions ces grains
tranquillement tombés du ciel
Personne ne les récoltait
il ne fallait pas laisser se perdre
cette manne fraîche
avant que la sonnerie
ne nous appelle
c’est qu’elle veut nous enfermer !
la liberté, même à cet âge
est un danger pour les maîtres
alors, en avant, en rang serrés !
il ne voulait voir qu’une tête
le maître d’école !
avant de nous asseoir
sur nos vieux bancs de bois usés
il fallait montrer nos mains
recto puis verso…
si elles étaient sales
c’était la punition
trois coups de règle
sur les doigts
ça réveille
même les gros dormeurs…
pourtant je l’aimais bien
mon maître d’école
Il nous aimait aussi
et si parfois
il nous frappait
c’est qu’il n’avait pas le choix !
les ordres venaient d’en haut
presque de Dieu lui-même
du moins c’est ce que nous croyions
l’inspecteur à l’air sévère
avait pour nous
l’allure d’un dieu tout-puissant
nous ne doutions pas
qu’un seul de ses regards
un seul de ses mots
pouvait nous pétrifier à jamais
mon maître d’école
m’a appris à aimer Victor Hugo
et ses merveilleux Misérables
Et m’a ouvert l’esprit
au monde brillant de la poésie
avec Lamartine, Musset et Vigny
grâce à lui et son don de conteur
j’ai vite été passionné d’histoire
et si parfois je rêvais
j’étais l’un de ses personnages…
oui, mon maître d’école
a bien été mon maître de vie !
si je ne me suis pas échoué
dans le caniveau, c’est grâce à lui… !
sévère, nous avions peur de lui
mais il a su nous élever
à hauteur de sa propre vie… !
©Jean Dornac
Lannion, le 1er février 2022
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