au milieu de la fenêtre, l’oiseau et moi,
immobile, il n’est pas conscient de sa beauté,
il est assis sur l’immobilité et se balance dans un air bleu,
je le regarde comme si je regardais la naissance
j'en suis éblouie ;
je t’écris du cœur de son immobilité,
j’ai peur que l’ombre du mot écrit le trouble,
rien ne peut troubler le silence
peut-être l’ombre du mot écrit sur la page blanche…
j’ai appris l’écriture qui ne fait pas des blessures aux doigts,
c’est comme dans une étreinte parfaite
nos doigts sont porteurs de sentiments,
des émissaires du silence,
ils portent en eux-mêmes le fluide de la vie jusqu'au loin, au bout du corps.
je regarde l’oiseau et je me demande :
comment sait-il le bon moment de bouger,
où regarder ?
j’ai envoyé le silence aux quatre coins du monde pour te chercher
et l’oiseau est toujours resté immobile,
mes questions n’ont rien bougé dans son ventre d’oiseau qui reste assis sur les interrogations du monde,
c’est seulement dans mon ventre que le silence prenait corps de plus en plus grandissant
jusqu’ à ce que je l’aie senti bouger et j' ai de nouveau touché au ventre,
cette fois-ci je savais que j’allais devenir porteuse de questions,
toujours absconses, toujours muettes…
entre moi et l’oiseau juste un fluide bleu,
tous les deux, nous sommes assis dans cette immobilité parfaite
où les sentiments coulent ou se dissipent,
c’est toujours pareil,
il suffit qu’on se regarde l’un l’autre,
au moment connu par nous seuls,
nous nous lèverons et partirons,
derrière nous, un nid désert.
© Elina Adam
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