J’ai vécu tant de choses depuis. J’ai vu apparaître ce qu’ils appellent les plantes. Oh, bien sur, au début ce n’était pas grand chose, juste des petites poussières vertes et microscopiques qui flottaient sur l’eau. Je crois bien qu’ils appellent cela le « plancton ». Mais les mots, moi, vous savez... Néanmoins, ces petites choses insignifiantes se sont bien débrouillées : comme les bactéries, elles se sont transformées, adaptées. Et c’est ainsi que sont apparues les algues puis les plantes sur la terre. Les fougères, les mousses, les herbes, les fleurs, les arbres... On en trouve de toute sorte maintenant. Et moi, Gotita, je sais comment entrer en elles, car les plantes sont faites avec beaucoup d’eau. Quand j’habite dans une plante, je me sens bien, le vent caresse les feuilles, tout est si calme. Les plantes sont comme moi : elles raffolent de la pluie.
A mesure que la terre s’est refroidie, j’ai redécouvert la sensation d’être un petit glaçon. Dans les nuages les plus froids, il m’arrive de me transformer en flocon de neige, plus beau qu’un diamant taillé. Ils appellent cela cristallisation. Ce n’est qu’un mot. Pour moi, c’est comme vêtir un habit de lumière. Descendre du ciel dans cette somptueuse tenue : quel honneur ! C’est un ballet majestueux. Les prairies, les montagnes, les forêts deviennent blanches, pures et silencieuses.
Il m’arrive de passer l’hiver entier attendant que le printemps me fasse fondre et renaître sous forme de goutte. Ils appellent cela liquéfaction. Ce n’est qu’un mot. Pour moi, c’est le bon moment pour aller contempler cette lumière bleue et magique qui filtre à travers les glaciers. Parfois je n’ai même pas le temps de renaître comme goutte, car le soleil me transforme directement, de neige en gaz. Ils appellent cela sublimation. Et ce mot là, je ne sais pas pourquoi, il me plait énormément.
En tombant du ciel, si je traverse de l’air très froid, je congèle instantanément et tombe en averse de grêle. Ils appellent cela solidification. Ce n’est qu’un mot, et j’ai cru comprendre qu’ils le détestaient, à cause des dégâts dans leurs potagers.
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