nous sommes assis dans l’herbe
des océans entre nous
là-bas, nos rêves et désirs serpentent, paresseux
de quelque part arrive un air raréfié
tel un souvenir, jusqu’ici
et se dépose sur nos yeux
sa brume fait vaciller la lumière
nous ne sommes pas seuls
bien qu’un monde nous sépare
nous portons sur nos dos et nos bras
dans nos yeux et dans nos corps
nos êtres antérieurs
que nous envoyons, à nos places
dans notre lutte éternelle
tels les spectres beaux et blancs
des flèches les transpercent comme si ne serait-ce que l’air
ils ronflent telle la flamme ou telle la mort
fatigués, nous restons dans l’herbe
avec tout ce que nous appartient
l’air nous remplit les narines et les yeux
coule sur nos corps tel un fluide opalescent
doucement, ces spectres beaux et blancs commencent
à se couvrir de chair et de sang, de peau et de poil
dans une épreuve tendre et nouvelle
nous sommes assis dans l’herbe
rien entre nous
seul le goût différent de nos larmes
qui coulent doucement sur nos visages,
comme autrefois
l’huile sur la barbe d’Aaron.
© Elina Adam
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits