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7 novembre 2021 7 07 /11 /novembre /2021 07:33

Rome Deguergue : « La part des femmes suivi de & Ros(e) Noir(e)  - roman –
Editions l’Harmattan – AGA – Février 2021 – format 14x21 – nombre de pages 417.

Impressions de lecture :

Ce nouveau roman « La part des femmes suivi de Ros(e) Noir(e) » de Rome Deguergue est introduit par un clin d’œil à l’éminent poète Henri Meschonnic dont la porte s’entrouvre sur une salle de soins dans une clinique en effervescence.


L’écriture de Rome Deguergue est très personnalisée, elle se révèle être une sorte de rupture avec l’esprit conventionnel. C’est une plume qui possède son rythme, sa cadence, ses codes d’expression, sa réalité fragmentée.      


Mais la question demeure en suspend où commence la littérature où s’achève-t-elle toutes les hypothèses sont permises. Symboliquement Rome Deguergue voit dans l’acte d’écriture comme un rythme pour marcher et évoluer plus vite sur le mode féminin ou masculin. Nous croisons de nombreuses références et citations de grands auteurs, comme Rilke, Goethe, Foucault etc.


Malgré nous, nous sommes transportés dans des espaces insolites aux rêves, aux témoignages de femmes, un univers érigé sur un champ de souffrance et d’absolue désorientation. C’est le constat pertinent d’une société en délitement minée à cœur, par la pantomime sociétale et de la bouffonnerie politique.


Rome Deguergue n’a pas assez de mots en ses trois langues pour tout nous révéler. Elle voudrait faire de son lecteur un compagnon de route, un témoin conscient et responsable d’un système qui a priori lui échappe. Reconstruire tel est le grand défi. Tous les ingrédients de notre société sont rassemblés dans les degrés de cette écriture déroutante qui aborde le monde de face au féminin comme au masculin.


Il faut lutter et se protéger de la déferlante médiatique, du vampirisme des réseaux dits sociaux, véritables chancres sous-jacents, qui infantilisent la société avec pour seul débouché, celui de d’une pensée unique aliénante.


Ici le fil de la vie se déroule sous toutes ses nuances, regardant vers le passé afin de mieux se projeter vers le futur. Mais quel futur je vous le demande ? Celui d’un monde virtuel où l’amour se déclinera dans un univers programmé, robotisé, où l’humanité agonisera sur ses déchets, ses détritus, ses fragments d’ignorance et de vanités suicidaires ? Un monde lézardé de toute part !   


Cet ouvrage intriguant de Rome Deguergue est ponctué de chapitres courts et édifiants sur la palette protéiforme d’un univers contemporain déviant, voué à son déclin comme toutes les autres formes de civilisations.


La plume de notre poétesse-romancière se présente à nous parfois sous un aspect hermétique, obscure, mais toujours vive, chargée d’énergie spontanée et d’une clairvoyance pertinente.         


Rome Deguergue nous fait évoluer sur un plan géopoétique ou géopolitique où il est sage d’avancer à pas comptés et avec précautions. Notre auteure nous brosse un remarquable portrait de nos contemporains, chez elle tout est observance et porte son regard en symbiose sur les femmes victimes de tyrans, de cruautés, femmes brisées dont les lois font des coupables, femmes sous tutelle emprisonnées dans leurs propres cellules familiales et soumises à un système juridique qui prétend les protéger pour ne faire que son contraire.


La parole de Rome Deguergue libère les femmes sous pressions, incarcérées dans la cage des traditions entretenues par les mâles dominants, crétinisés, endoctrinés et machistes.


Nous croisons au fil de notre lecture, des pages codées, algébriques, sorte d’écriture à quatre mains. Ecriture aux senteurs des terres du Nord et aux parfums d’outre-rhin, avec un petit détour inspirateur sur les pentes du Vésuve qui vit passer bon nombre de peintres et d’ écrivains, Hölderlin, Hugo, Dumas etc.


Nous sommes ici au cœur d’une écriture qui nous transporte de l’histoire du début du siècle jusqu’à notre monde connecté, formaté et cloné sur son smartphone ou tablette. Mais qu’est devenue l’odeur du livre ?


Face à un phénomène de société d’une civilisation de masse connectée sur une pensée globale soumise aux hystéries de minorités identitaires éternellement frustrées au féminin comme au masculin, face tout simplement à la vie et à l’humain : « Humain trop humain.../... » cet ouvrage de belle tenue littéraire et de haute sensibilité, exige votre attention et compréhension, sinon il ne vous reste qu’à passer votre chemin.


C’est une bien singulière promenade d’une intrigante narration où se pratique la libération au quotidien et qui ne manque pas au passage d’égratigner l’hypocrisie et les vieux tabous. Même la sexualité s’engage sur les chemins de la liberté partagée.


L’écriture se fragmente, impose sa cadence, déroule ses visions de la vie, offre ses pensées rompues et brisées.


Question ? L’amour est-il salvateur ? Réponse : où se trouve l’énergie pour évoquer l’indicible, pour affirmer la vérité, pour ne plus subir l’humiliation, l’injure.


« Derrière l’art sa cache la femme ou est-ce l’inverse ? »


Quant à la poésie trouve-t-elle sa place au cœur du temps qui passe ?


Témoignage d’une histoire générationnelle au féminin.


Ici je refermerai le livre afin que d’autres lecteurs puissent mieux l’ouvrir et l’interpréter, en laissant la conclusion non pas à un poète mais à un peintre qui lui aussi a bousculé les conventions, pionnier de l’abstraction et auteur d’un livre qui révolutionna l’esthétique : « Du spirituel dans l’art. », Kandinsky qui imaginait une nouvelle spiritualité au travers d’un art qui ne connaitrait : « ni peuple, ni frontière, mais la seule humanité. »


Et c’est bien ici qu’aimerait vous guider Rome Deguergue dans « La part des femmes... »    

Michel Bénard.

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