Sous le souffle des tempêtes,
J’ai tenté souvent de gagner,
Impétueuse, à l’abordage,
Gonflée d’orgueil,
Les nus rivages
Mais, impuissance ultime,
Dans un dernier effort,
Blanche d’écume,
Je me suis échouée.
Ce soir, sous un ciel apaisé,
Eclairé par les derniers feux du jour,
Conquérante,
Force sereine,
Insinuée, lovée,
Inexorable caresse
J’ai avancé mes flots,
Dans les moindres interstices
Poussée tranquille,
En une vaste coulée serpentine,
Créant des îles,
Dessinant d’inconnus paysages
Vers les dunes qui,
A chaque montée de mes eaux,
En vain, attendaient mon étreinte.
J’ai recouvert les varechs séchés
Depuis des lunes,
Emporté les mortes branches
Et les détestables témoignages
Epars, abandonnés,
De la vie des hommes,
J’ai repoussé, loin, dans l’intimité
De la terre féconde
Les ruisseaux venant à moi, trop faibles
Et en joyeuses noces, riches limons mêlés,
En une nappe lisse, d’argent,
Sous la face ronde de la nuit
Nous avons consommé, complices,
Un instant de vie. Grande marée.
©Gérard GAUTIER
L’Echarpe Poème 1994
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