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20 septembre 2021 1 20 /09 /septembre /2021 06:33

Original d’un des 35 volumes de l’Encyclopédie de Denis Diderot, la plus importante entreprise éditoriale du XVIIIème siècle par la somme des connaissances qu’elle contient.


A lire sans faute : Diderot, le génie débraillé de Sophie Chauveau.
 

LANGRES, ville de l’Esprit des Lumières
                            

 

D’un escarpement rocheux où ruisselle l’eau, une grue cendrée s’élève vers les grands ciels de la Haute-Marne.

De corps, d’esprit, de cœur et d’âme, ce pays des sources exhale un bouquet de saveurs.
 
Gorge jaune et pétales carmins, un « sabot de Vénus », la plus mythique des orchidées signale la source de la Marne à Balesmes, située à 419 mètres d’altitude, sous le plateau de Langres.

C‘est en ces lieux habités d’une nature rebelle que naissent le fleuve la Seine et la rivière la Marne.

La Marne et la Seine prennent leur source tout près l’une de l’autre, et la Marne rejoint la Seine à Charenton-le-Pont dans le Val-de-Marne, département de la confluence. Restons en compagnie de Matrona, déesse de la rivière Marne.

La rivière Marne, affluent de la rive droite du fleuve Seine, est longue de 525 kilomètres et traverse sept départements (Haute-Marne, Meuse, Marne, Aisne, Seine et Marne et Val-de-Marne).

Je vous promets, suivre la Marne est un voyage hors du temps.

Cheminer le long de la rivière, c’est rendre visite à des personnages historiques, littéraires et artistiques.
 
Nous voici donc à Langres*, cité perchée, cernée de remparts avec un chemin de ronde ponctué de douze tours.

C’est dans cette ville des Lumières qu’est né, le 5 octobre 1713, Denis Diderot, un des plus grands penseurs du 18ème siècle. Libertin, homme d’intelligence, de malice et de brio. Imaginez la belle Sophie Volland à la balustrade d’une maison Renaissance.

Vif et naturel est le style de Diderot que nous emportons un peu plus loin en remontant la Marne jusqu’à Chaumont, Préfecture de la Haute-Marne.
 
Emblème de la ville, un viaduc composé de 52 arches domine la vallée de la Marne.

Chaumont se dresse sur un éperon rocheux-calcaire.

Dans cet écrin de pierre, des maisons à tourelles en encorbellement engagées en saillie au-dessus des portes d’entrée signent ce patrimoine architectural singulier.

Chœur, nef, transept, absidioles, voûtes sur croisée d’ogives* : chacun de ces mots nous conduit à la basilique Saint-Jean-Baptiste qui, à elle seule, mérite le détour.

Avec les sculptures de Bouchardon, c’est la mise au tombeau en pierre sculptée, composée de onze personnages grandeur nature en pierre polychrome, qui impressionne dans une chapelle en contrebas. Ces sculptures de l’école troyenne sont saisissantes, exprimant l’étendue des sentiments humains, de l’amour maternel attendri jusqu’à la profonde affliction de Marie-Madeleine, les bras croisés sur la poitrine.
 
Les berges ensauvagées de la Marne guident nos pas jusqu’à Bologne où, au détour d’un bosquet, un vieux tracteur bruni de rouille abrite une colonie d’orties.

Que dirait-il aujourd’hui des grandes plaines céréalières bordées de forêts où le brame du cerf va bientôt se faire entendre ?

Chemin faisant, près de la rivière, une ruine résiste au temps, vestige d’une halte de marinier. Ces choses devenues inutiles dégagent parfois une beauté insaisissable se créant et se recréant à chaque instant.

Il faut aimer ces paradis fugaces où l’émerveillement vient par surprise.

La chute mauve du jour nous invite à rejoindre Joinville.
 
Le moment tant attendu arrive.
Dominant la Marne, cette petite cité de caractère de la Champagne méridionale est marquée par la Renaissance, notamment avec le château du Grand Jardin construit par Claude de Lorraine, premier duc de Guise. Le jardin qui a donné son nom au château évoque le paradis perdu. Il est orné de 500 pieds de buis, de broderies où couleurs et senteurs invitent à une promenade romantique.

L’après-midi s’écoule en visitant l’historial de l’Auditoire fondé par Antoinette de Lorraine au 16ème siècle quand une voix nous invite à poursuivre notre chemin jusqu’à l’église Notre-Dame de Joinville, témoignage du gothique du début du 13ème siècle.

Une lueur éclaire une chapelle où figure une châsse en orfèvrerie abritant la ceinture de Joseph, seule relique du père de Jésus conservée en France.

Cette ceinture a été ramenée de terre sainte lors de la 7ème croisade en 1248 par Jean, sire de Joinville, fidèle compagnon du roi Saint Louis. Elle a été sauvé du pillage pendant la Révolution française.

C’est une ceinture vêtue d’ocre qui semble se dérouler sans fin, long ruban de lumière ourlé de foi et d’amour.

Tissu humble, d’une beauté simple, un peu austère, empli d’harmonie dans ses courbes où les fils se croisent, s’entrecroisent comme les lignes d’une vie.

Scintillant parfois sous l’aile d’un ange, cette ceinture nous plonge dans une béatitude inexplicable.

Croire, ne pas croire, peu importe, nous demeurons dans une muette admiration.

A travers les vitraux, la lumière vient, s’en va, revient pour se parer d’une dentelle de rosaces. Une beauté constellée, lente palpitation d’une ineffable douceur.

Puis, un rai de lumière descend d’une croisée d’ogives, reflet d’un monde transfiguré par un acte d’amour tel un rêve peuplé d’hommes et de femmes qui ne connaîtront plus la haine.
 
Cette ceinture a-t-elle guidé la main des Guise qui jouèrent un grand rôle dans l’histoire du royaume de France ?

Le petit fils Henri, chef charismatique pendant les guerres de religion fera trembler le pouvoir royal. Son assassinat à Blois en 1588 mettra un terme à l’épopée extraordinaire des seigneurs de Joinville.
 
Arrivés au Poncelot, petit pont de pierre du 16ème siècle, un osiériculteur vannier au travail nous renvoie l’image des bords de Marne où poussent aulne, peuplier, saule marsault et osier pour tresser paniers et corbeilles.

De Balesmes à Charenton-le-Pont, partout la Marne nous a invité à découvrir les grands ciels où se mirent la beauté dans le cœur des hommes.

* Langres vient du nom de la tribu des Lingons, Lingonenses, baptisée ainsi par Jules César. Lingonenses a donné, par déformation, Langres qui se trouvait à la croisée de grandes voies de communications construites par les Romains. C’est ici la ligne de partage des eaux. Le tunnel de Balesmes fait passer le canal de la vallée de la Marne (versant de l’Océan) dans la vallée de la Vingeanne, affluent de la Saône (versant de la Méditerranée)
 
* L’architecture gothique – la voûte d’ogives : L’ogive est la nervure d’une voûte gothique ; la voûte d’ogives est constituée de deux ogives qui se recoupent à la clef de voûte. C’est une innovation capitale des architectes du 12ème siècle ; l’ensemble du bâtiment gagnait alors en poids et en élasticité.


©Roland Souchon
 août 202I
Morpho et sa Muse


www.rolandsouchon.com  
 
 
 
 

 

 

 

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