à toutes celles qui ne respirent plus et que nous continuons à aimer
Des oiseaux brodés s’embrassent sur le couvre-lit lorsqu’elle apparaît.
Sa présence me transporte en Iran, près du bassin de la mosquée rose de Chiraz où les nymphes s’ouvrent et se referment en corolles odorantes.
Avec la grâce d’un battement d’ailes de colibri, un soupçon de lumière se pose sur ses paupières aux reflets céruléens.
Ses grands yeux fixent la patine d’un luth d’où s’échappe la danse du soleil.
Aussitôt, elle se met à chanter.
Sa voix est un souffle ardent comme la poussière rouge d’un vent de sable.
Me vient l’image d’un caravansérail : cette étape des routes caravanières reliant le golfe Persique et la Méditerranée, cette oasis où défilent chameaux chargés de soieries, d’épices avec femmes et hommes en quête de bruissements de palmes et du ruissellement de l’eau.
D’accords en arpèges, les rimes vont de l’ombre à la lumière. Sa voix cristalline brode la parure du ciel et, tel un papillon, rejoint le croissant de lune.
La lueur fauve des braises pousse un dernier soupir quand retentit un ghazel de Hafiz* :
« … Ô ma rose,
J’ai vu dans les plis de ta robe
le vent qui renverse,
et ce n’est pas sans raison… »
Morpho, 2021
www.rolandsouchon.com
*Né à Chiraz (Iran) au quatorzième siècle, Hafiz est le plus grand poète lyrique persan.
Son œuvre tient en un recueil de divân (vers) qui comporte 500 ghazels (poèmes).
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits