Plume d’azur, femme enjouée de Messanges, vit sur l’airial* dans sa maison blanchie à la chaux, ornée d’une treille, quadrillée de colombages avec ses murs à briquettes en fougères.
Trois moutons paissent sous les grands nuages du noroît.
Près d’un chêne-liège, le four à pain s’abrite sous un auvent de bois.
De temps en temps, l’horloge s’arrête au chant du maître de céans, le coq gascon.
Le sourire enjôleur sous un chapeau fleuri, Plume d’azur déroule son allégresse tout au long de ses contes.
Sa passion va-et-vient entre océan, dune et pinède que l’on nomme le pignada dans les Landes de Gascogne.
D’une aile de libellule s’échappe le bleu d’un rêve, tandis que l’osmonde balance ses larges palmes sur le miroir de l’étang de Moïsan, lentement gravé par la lumière venue de l’océan.
Féline, Plume d’azur grimpe la dune entre oyats et chardons bleus, et là, comme par enchantement, le rouleau des vagues devient théâtre de la magie où les lointains se rapprochent sur l’immensité intime zébrée par le souffle d’Eole. Beauté de l’inachèvement.
Le cœur poétique, Plume d’azur aime la quiétude et le profond silence qui habitent la sylve landaise.
Les pins droits éploient leur verte canopée à demi effacée sous les vibrations d’air et de lumière.
Femme à la fraîche beauté d’une rose des dunes, elle est persuadée d’une fusion, d’une communion entre l’homme, le végétal et l’animal. Mystère des origines.
Sa jeunesse rêveuse ensauvagée sait glaner d’infimes émerveillements ourlés de bruyère infinie.
Au cœur de la pinède, ses pas résonnent le long des sentiers sablonneux sur lesquels le temps n’a plus de prise.
La forêt landaise est digne d’écrire les plus belles pages d’un conte de fée.
Résiniers et gemmeurs ne passent plus que dans nos mémoires, mais, sur les bruyères de l’errance, se pose toujours le papillon.
Avec sa chaude voix pleine d’allant, Plume d’azur incarne la vibrante harmonie intemporelle des Landes de Gascogne : corps et esprit se confondent avec le bleu de l’océan, l’ocre des dunes et le vert de la pinède.
En ce soir de pleine lune, Plume d’azur danse sur l’airial, happée d’une lumière d’apparition, celle qui, dans sa tendre enfance, inondait les reposoirs croulant sous les pétales de roses.
à Messanges, juin 2021
Morpho
L’airial est un lieu, une aire non clôturée sur une pelouse plantée de chênes où sont installées maison d’habitation et dépendances.
©Roland Souchon
www.rolandsouchon.com
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