Comment ai-je pu être aussi naïf
pour ne pas me rendre compte qu’il s’agissait d’un piège :
accepter sans sourciller la théorie que mon héros favori,
maintes fois applaudi pour son extrême habilité
à lancer sans fin sa flèche au moment favorable
avec la précision d’une montre suisse,
aurait été à l’origine du fameux dicton
« Tel est pris qui croyait prendre »,
allons, allons, restons un peu sérieux…
D’autant plus que le Tell à moi, il prend deux L !
Déjà qu’il me revient
qu’à l’époque où j’étais encore assis sur les bancs de l’école,
un tas de vilains garçons de mon âge
se moquaient de sa pomme,
ignorant qu’elle représentait la cible
que le pauvre Guillaume devait transpercer à tout prix
sur l’ordre du Bailli Gessler
pour que sa progéniture échappe à la mort.
à croire que mettre un doigt dans l’engrenage
et avoir plusieurs cordes à son arc
(alors qu’il usait, rappelez-vous, d’une arbalète)
serait bien un cas de figure attestant
qu’impossible n’est pas français.
Cela dit, que ma vie devienne un enfer si je mens :
au cours de la présentation de ce rapide exposé,
je n’ai jamais, au grand jamais, visé personne
et continue à nourrir l’espoir de sentir l’ange Guillaume
enfin complètement apaisé
la prochaine fois que je l’apercevrai
emportant le bonheur sur ses deux ailes.
©Michel Duprez
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