être un secrétaire des résiliences
où chaque tiroir est comme une alliance
pour que le temps efface,
les souffrances des maux trop efficaces…
être ce meuble sublime
qui cache tant de pauvres films
tant de pauvretés humaines
que dans son âme l’homme traîne
à mesure que passe le temps
le doute s’installe dans mon esprit
le meuble sera-t-il assez grand
pour cacher du monde le mépris ?
on peut nous clouer sur une croix
sans violence sur notre corps
mais avec un grand choix
de cruautés sur l’âme et ses rebords
dans l’un des tiroirs
en sublime marqueterie
j’ai rangé mes colères sans les boires
sans faiblesses ni mièvreries
j’ai voulu faire le choix
contraire à l’orgueil des rois
de brûler mes violences
et de les remplacer par l’élégance
arrivera le temps du trop-plein
où le meuble craquera sous le poids
plus rien ne sera caché en son sein
même s’il s’agissait d’un robuste bois
il y a pourtant un tiroir étrange,
il semble usé à force d’échanges
il en sort comme du brouillard
mais avant tout il est bavard
le voleur du temps est passé
des souvenirs, il a tout effacé
je ne sais plus qui je suis
ni ce qu’à pu être ma vie
on me dit malade
pourtant je n’ai point de fièvre
toujours prêt pour des balades
dans les paysages d’orfèvres
on dit que je perds la tête
mais je la sens à sa place
bien vissée et prête pour la fête
et aller danser dans les palaces
« allez, venez, monsieur !
c’est l’heure de votre sieste »
et de la piqûre au postérieur
pour garder de beaux restes…
que m’est-il arrivé ?
plus de souvenirs
ni lourds ni légers
plus de passé, plus d’avenir…
©Jean Dornac
Lannion, le 14 avril 2021
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