Cela faisait des jours et des jours que le vent roulait sa curiosité au-dessus d'un sol aride et desséché sans la moindre touffe d'herbe à tripoter. Des cailloux, rien que des cailloux, coupants et tranchants comme des lames. Finis les tourbillons joyeux, les imposantes cabrioles où il tentait d'escalader le ciel. Il devait se contenter de faibles soubresauts, quasi inconsistants.
Il n'était plus qu'un vent engoncé dans sa fatigue, cloué dans sa torpeur, entortillé dans une déprimante solitude. Il en avait marre de ce soleil arrogant, brûlant et suffocant. Un soleil qu'il aimerait bousiller, anéantir ou faire disparaître.
Si seulement il trouvait un arbre, touffu, verdoyant où il pourrait, dans cette obscure fraîcheur, se mettre à l'abri de cette chaleur torride.
Mais pas le plus petit buisson à l’horizon.
Pourtant il ne perdit pas l'espoir. Il flottait autour de lui, beau et frais comme une fleur de seringa et le maintenait en vie.
C'est alors que la nuit eut pitié de ce souffle d'air courageux, elle accourut, douce et câline, l'enveloppa dans ses voiles et le berça comme un enfant...
©Michèle Freud
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