Quand mes cheveux blancs
Seront devenus
Ou ne seront plus,
Quand ma démarche
Moins assurée se fera.
Serais-je ce vieux,
Par les oiseaux, aimé
Pour les miettes de pain
Au parc, jetées?
Serais-je ce vieux
De douceur,
Par les enfants, entouré,
Pour le mystère merveilleux
Des histoires bien racontées ?
Serais-je ce vieux
Charmant, charmeur,
Qui à tous temps
Appartient et
Vers « l’après », doucement,
Sans crainte,
S’avance en souriant ?
Serais-je ce vieux
Grincheux, rabougri, aigri
Nauséeux,
Rejeté sans cesse
Par tous, comme
Blanche écume,
Pour avoir, Soi-Même,
Seulement
Toujours aimé ?
Serais-je ce vieux,
Haineux aux jeunes,
Des guerres glorieuses
Et imbéciles
Qu’ils n’ont pu faire ?
Serais-je ce vieux
A la démarche déambulatoire
Incertaine, sans but
Marmonnant sans cesse
Après le temps qui,
Sans cesse,
N’en finit pas
De ne pas passer
De ne pas finir ?
Serais-je ce vieux
Sans famille, sans ami
Laissé pour compte
De la vie et des gens
Dans la salle d’attente
D’un mouroir anonyme?
Serais-je ce vieux
Espiègle, coquin
Aux yeux pétillants
D’une impuissante
Concupiscence
Aux mains voleuses
D’une caresse aux fesses
De femmes charnues,
Toujours espérées
Jamais possédées ?
Serais-je ce vieux
Facétieux, à la
Gouaillante faconde,
A la verdeur
D’un printemps
Qui n’aurait jamais
Connu d’été ?
Serais-je ce vieux
Avivant ses regrets
Mâchonnant un passé
Toujours plus éclatant
Que la pâle réalité vécue
Et soliloquant
« Si j’avais su… »
Serais-je ce vieux
Sage, d’avoir connu
Toujours curieux,
Avide de mieux découvrir ?
Mais serais-je, jamais…
Un vieux ?
©Gérard GAUTIER
Saint-Brieuc 1981
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits