Comme un conte pour la veille de Noël… Merci cher Claude ! (J.Dornac)
Je n'ai pas bien compris cette histoire de sapin soudainement transplanté dans un coin du salon. Et de bébé dans une mangeoire assiégée par une noria de cadeaux. Coexistence d'une crèche toute simple et d'une opulence tape à l'œil où se disputent boules, guirlandes et autres artifices.
Fête de lumières, certes, mais quand j'essaie de m'approprier discrètement l'une de ces boîtes enrubannées et de la cacher avec mes provisions sous la table, je me fais gronder ! Doucement, il est vrai, car il y a dans la maisonnée une sorte de trêve où la tension électrique entre humains, chiens et loups, canins et félins semble avoir baissé d'un cran. Comme si ce nouveau-né de la Dame au voile bleu était une mise à terre venue du ciel. J'ai bien tenté de le porter délicatement dans mes crocs mais je me suis fait remettre à l'ordre par un bœuf et un âne, couple atypique de vigiles qui se disent assermentés.
Bref, une histoire assez étrange avec des moutons que je ne suis parvenu à rassembler, un charpentier au chômage, des anges apprentis aérostiers et, au loin, des rois couverts d'or, d'encens et de myrrhe : peut-être des demandeurs de niche fiscale à ce petit peuple de santons. Qui sait ? On ne se méfie jamais assez…
Toujours est-il que, le soir venu, juste avant une messe au beau milieu de la nuit (sans doute une de ces idées venue de Palestine !), éclate une effervescence sans pareil. Tout le monde s'embrasse, déchire les emballages jusque-là si précieux, se papouille, se congratule avec frénésie. Pour ma part, j'ai droit à un long fuseau transparent dans lequel trône en majesté une double friandise.
Cette naissance au solstice d'hiver a du bon car j'avoue justement avoir une petite faim... d'éternité.
©Elia
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