Miloud KEDDAR, poète et peintre d'origine franco-algérienne, bien connu des revues qui associent l'Art et la Poésie, considère la France comme sa deuxième patrie. Et comme par hasard (le hasard faisant bien les choses ) voilà que sa fidèle compagne se nomme « Françoise » qui n'est autre que ''Française'' en vieux français. C'est cette compagne qui va donner le ''la'' à ce chant en quatre parties écrites en prose poétique simple, dépouillée de tout artifice.
« MA COMPAGNE » s'intitule ce recueil tout de vert vêtu : nous voici déjà sous de bons auspices. La couleur verte symbolisant à la fois le sacré et la nature vivante si précieuse en pays désertique ( pour rappel : les dômes des mosquées, la couverture du Coran, sont verts, le vert étant la couleur porte chance du prophète)
Le recueil se divise en 3 chants ( le nombre 3 rappelant le ciel ) composés de quatre textes chacun, un peu comme les jardins clos du Moyen Age : les jardins de l'''amour courtois''. Rappelons que le nombre 4 n'est pas choisi par hasard, il est considéré comme sacré ( les 4 évangiles, les 4 points cardinaux...les 4 piliers du temple...les 4 éléments, les 4 fleuves du Paradis, les 4 saisons...) car ici, on le comprend dès les premiers mots, on est sous la protection du ciel :
''Toujours le partage de ce qui sauve'' le sentiment de notre petitesse que seul l'amour peut sauver : ''ce qui sauve, mais sauver de quoi ? Avec la lune pleine qui éclaire nos corps enlacés...'' il s'agit de durée et d'éternité, nous annonce le chant II :
''Si nos corps ont plus d'une lune, nos cœurs sont encore du matin''
Apparaissent alors la mésange et la tourterelle, deux oiseaux à consonance féminine dont le chant annonce le printemps, le renouveau, et qui vont être des alliées de « Françoise » ; on pense alors à Saint François d'Assise nourrissant les oiseaux du ciel avec de la manne, car il y a du sacré dans la présence de ces oiseaux annonciateurs. Il faut savoir que dans la tradition arabe, la mésange-messagère annonce la naissance du Fils ( Fils de Dieu appelé non pas Jésus mais Issa le prophète, meneur d'âmes vers le salut )
C'est ainsi qu'en toute simplicité, tel un sage assis dans la contemplation de la nuit, le poète présente les âmes qui lui sont liées par le sens de l'éternité, de simples âmes ( la mésange, la tourterelle, le chat ( Syrien), ''La Dame de cœur'' : Françoise et son fils Mathias ; c'est une arche, une sorte de crèche que l'on pressent en osmose avec le dessein de Dieu. Nous le savons : Les mystiques sont les proches parents des poètes, des peintres et de tous les musiciens, '' nous révèle Miloud KEDDAR dans son autre recueil intitulé : « LA DETTE » ( lui aussi recouvert de vert ...un hasard ?)
''Et quoi d'autre ? Et le ciel sur les ailes de la mésange et de la tourterelle, le ciel qui vient les saluer, leur apporter les bons augures ''
Alors, selon les paroles de sagesse du poète :
''Qu'espérer d'autre dans un monde aux bouleversements de toutes sortes, qu'espérer d'autre''
Dans cette atmosphère quasi biblique (il est à noter les similitudes incroyables qu'il existe entre la Bible et le Coran ), il faut relever la conception du poète Miloud KEDDAR au sujet de la femme qui n'est pas l'égale de l'homme, excepté en droits, mais qui lui est complémentaire, l'homme n'étant qu 'une ébauche sans la rencontre avec la femme :
''J'unis une femme aux oiseaux
comme on unit le verbe au divin ''
''La femme est oiseau, quand elle veut avoir ses propres ailes, quand elle n'a besoin de personne pour décider à sa place'' . Voilà qui est clair ! Des paroles qui volent haut ! Oserais-je dire.
Le femme et l'homme complémentaires et égaux en droits, voilà la conviction de Miloud KEDDAR qui s'affirme ainsi et depuis toujours, citoyen de la République.
Il ajoutera d'ailleurs au chapitre IV, pour conclure et ''finir en beauté '', si besoin était, puisque tout est beauté dans ce recueil : La femme est reine, c'est poésie et c'est délicieux''
Que dire de plus ? À part merci au poète ! Merci pour ce moment à la fois simple et précieux.
ÉDITIONS PAROLE & POÉSIE- Collection de l' Églantier
Jeanne CHAMPEL GRENIER