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21 août 2020 5 21 /08 /août /2020 04:12

Elisabeta Bogățan est membre de l’Union des Écrivains de Roumanie, de la Société des  Poètes Français de Paris et de l’Union des Journalistes Professionnels de Roumanie. Elle a adhéré aussi aux autres associations, sociétés et unions des écrivains. Elle a publié en poésie 13 recueils, études littéraires 1 recueil, études éthographiques 2 recueils et aussi traductions : 11 livres des auteurs français mis en roumain, 13  recueils des auteurs roumains mis en français. Elle a reçu de nombreux PRIX, DIPLÔMES, TITRES, en Roumanie, Allemagne, France, Russie, Liban, dont Le Prix OPERA OMNIA de l’Union des Écrivains de Roumanie, 2019. Elle est rédacteur en chef des revues: Confluences littéraires internationales, Revue d’ethnographie, anthropologie et folklore.

 

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La poésie de Michel Bénard, appréciée jusqu’au plus haut niveau, car il est Lauréat de l’Académie française, Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres, Poeta Honoris Causa, prouve par ce nouveau recueil, „D’encre et de lumière”, (Éditions les Poètes français, Paris, 2018), son haut niveau spirituel et esthétique.

 

Dans la conception de Michel Bénard, telle qu’elle résulte de ce recueil,  le rôle du poète est celui de dévoiler l’éternel, sous ses deux aspects: celui d’un éternel confondu avec l’existence de l’univers et celui d’un éternel descendu dans le monde des hommes. Mais cet éternel se cache sous divers aspects, difficilement à reconnaître, et chaque effort de les dévoiler entraine une entrée dans le monde  du mystère.

 

La note personnelle de la poésie de Michel Bénard consiste dans le fait que pour lui, l’éternel et le mystère se révèlent dans la lumière de l’amour. L’auteur nous dévoile un monde poétique, créé „d’encre et de lumière”, son propre monde de poète, dont la force est donnée par l’amour. C’est l’intuition qui lui donne la force de percevoir l’essence du monde et des choses et il considère que c’est l’amour qui représente cette essence : „Ce sont les fréquences de l’univers / Qui vibrent en mon âme, / Les pulsations cosmiques / De la musique des sphères / Qui enluminent ma mémoire. / Afin de mieux esquisser / Les lignes secrètes de ton corps / Je ferme les yeux, / Et préserve le silence.”

 

Dans ce recueil il n’y a pas de titre intermédiaire. C’est comme un magnifique poème dédié à la lumière, aux pouvoirs cosmiques descendus dans le monde humain, à l’amour, à la femme vestale de la beauté, de la sérénité, au poète qui, à l’aide de son encre, fige l’image d’un monde embelli par l’amour et la lumière.

 

Le recueil est accompagné par la préface de Nathalie Lescop-Boeswillwald, qui souligne : „Michel Bénard est ce passeur d’éternité qui réinvente au fil de sa plume le langage des corps, la grammaire des âmes... ”. Et ce qui est merveilleux, elle équivaut ce grand poème à une véritable prière : „« D’encre et de lumière » n’est rien d’autre qu’une prière qui s’élève dans le silence des nuits, une prière d’allégresse, un chant d’espérance, un hymne à l’amour et à la liberté…”

 

À son tour, Christian Boeswillwald écrit dans la Postface : „Un magnifique recueil dont l’écho semble nous dire : «Si Dieu n’est pas visible peut-être n’est-il pas loin ! » ”

 

Une élégante technique de la suggestion transmet l’intensité des sentiments, ( pour la perception desquels le „cœur en braille” du poète doit être parcouru par les doigts de sa bien-aimée), mais aussi une délicate sensualité : „En déposant mes lèvres de sel / Au miel cristallin des tiennes, / J’ai senti la chaleur de ton sang / Qui furtivement me révèle / Les parfums uniques de la vie.”

 

Le monde du poète a des résonances et des réflexions des autres mondes, transcendantaux : „À l’écoute d’une mélodie, / Transcendant le coeur / Et ensorcelant l’âme, / Les enfants du silence / Pensent entendre  / Les louanges des anges. ”. Plus que ça, „la musique estompe /Doucement le temps”. Le poète saisit un „intemporel instant", „un souffle mystique", qui lui révèle „sur l’angélisme" du visage de sa bien-aimée „Tous les célestes fragments colorés / de rouge, de jaune et de bleu", c'est-à-dire les couleurs fondamentales du spectre solaire, et dans cette image il voit un  „signe d’amour, / Où la femme et l’homme / Deviennent lettres Majuscules, / Dans l’embrassement flamboyant  / De la grande rosace centrale.", rosace qui est un symbole de la coupole du ciel.

 

Dans la vision du poète, le terrestre est toujours entrelacé avec le spirituel et le cosmique : „C’est la déchirure d’une prière / qui se mêle à la terre, / C’est l’œil interrogeant le ciel". La prière est la seule liaison entre l’homme et le ciel : „C’est le cri d’une prière / Qui se mêle à la terre / En quête de ses racines." On ne peut pas parler d’une limite claire dans cette poésie entre le terrestre et le cosmique. Ainsi, les fleuves vont „Jusqu’au delta de l’univers”. Ils portent aussi des „touches d’éternité” comme tout dans cette poésie.

 

Même l’amour, ce lien entre deux âmes, est regardé par rapport à l’éternité, au temps, à la destinée, donc dépassant évidemment le terrestre : „Combien singulier ce lien / Situé hors du temps, / Scellé simplement / À l’étonnement de la destinée.”

 

Le poète voit toujours le tourment de la nature comme un tourment de lumière : „ Au cœur de l’œil cyclonique, /  Dans l’éblouissement des lumières". Donc la lumière, partout présente dans la poésie de Michel Bénard, allume les  „ braises de la passion", ce qui donne  „ naissance / Au poème de l’amour". La présence de l’amour dans la poésie de Michel Bénard a toujours deux caractéristiques : la force et la tendresse.

 

Le recul vers l’enfance se produit aussi sous le pouvoir de la lumière et l’enfance est vue comme le temps de l’amour de la lumière: „Tu redevenais la petite fille /  Belle et lumineuse, / Sous ces fines perles d’eau / Qui contenaient le premier / Poème d’amour de l’aurore.”

 

L’amour est, dans la vision du poète, protégé  par le ciel : „Pour toi je sertis entre mes vers / De nobles lettres d’or / Et des signes de lumière, / Qui draperont nos corps et nos vies / De transcendantes promesses d’alliance.”

 

Dans le grand livre de la nature, le poète a le pouvoir de percevoir comme „D’insolites enluminures / Embrasent l’espace / Du cortège des signes, / Les psalmodies des couleurs / S’infiltrent par l’arche / Du silence des pierres.” C’est à dire, il connaît le langage secret par lequel d’au-delà de ce grand et éternel livre, on transmet à l’homme des messages.

 

L’œil du poète perçoit les encres du jour et de la nuit, qui écrivent le grand livre de l’existence: „Je vis votre visage / progressivement se dédoubler / Sur un étrange silence / D’entre deux encres. / De la lumière du jour / Aux ombres de la nuit, / Je m’interroge longuement / Sur le sens de nos vies.” Tout est pour le poète une écriture / „Effleurer de la main /  Tes longs cheveux / (...) Dans un geste incertain, / Aller jusqu’à l’extrême / D’une écriture infinie”.

 

Le poète se penche aussi sur le „mystère de l’écriture” avec des „lettres de lumière”, car l’écriture est, tout comme l’amour, un „initiatique parcours”. De plus, le rôle du verbe est celui de mettre en lumière l’amour: „Nous calligraphions le Verbe / Qui érige l’autel de cristal / Du temple de l’Amour.” Le poète entend et comprend „ les chants des signes” et il invite „ Par les chants des signes / Tirer le trait d’union / Entre l’intemporel et l’éternel.”. Dans ce but, le poème joue un rôle essentiel. Aussi il invite à „Composer des fragments de beauté /.../ Où les âmes s’embrasent / aux flammes de l’amour.” Car pour lui, la beauté c’est l’amour. Comme  pour vérifier la réalité de ce monde mirifique, qui lui promet l’amour, le poète veut tout effleurer : „Effleurer simplement l’intangible, / Les chants subtils de l’extrême, / Où je te sens renaître / Comme une jeune icône.”

 

Tout laisse l’éternel s’entrevoir dans la poésie de Michel Bénard, tout porte le sceau de l’éternité, même le „sourire ingénu”  de sa bien-aimée. Il perçoit des „Signes doux et soyeux / Se déposant sur un parchemin / Pour un effleurement d’éternité / Où l’on croit encore à l’émerveillement.” Aussi il connaît l’alchimie secrète qui peut „transmuter le mystère / En poème de pierre”, mais pour ce fait le poète se lie par mille fils de l’univers entier, auquel il cherche le coté caché: „Tenter de saisir l’invisible, /  Tenter de capter l’indicible, / Tenter de cueillir la vibration / D’une fleur de lumière / Au coeur des ténèbres.” Le poète peut percevoir ce qui aux gens communs reste inconnu: „ Écoute, / Ce n’est le bruissement / Que d’une aile d’ange, / Le silence en transparence / De l’intense d’un bleu”.

 

Les mystères de l’existence se dévoilent à l’œil du poète : „ J’ai vu se dévoiler / Le mystère de la sève des mots / Et ce signe initiatique / Se placer sur le chemin, / Où incidemment j’ai découvert / Sous une ombre éphémère, / Le sens d’un cri de silence.”

 

La lumière pour le poète descend à la fois de la voûte étoilée et sort „ Des encres écrues / D’un livre de vers”. Il est partagé entre le silence et les mots: Devant les „abbayes d’argent” d’au-delà des étoiles, les mots doivent porter seulement le silence: „ je dépose le silence de mes mots”.

 

Pour créer son poème, le poète a la tendance de „ Vouloir encore fixer / La poudre d’or du rêve / Aux soies de l’imaginaire / Et au dentelles du ciel.” 

 

Ce que le poète cherche partout et toujours, „C’est un mystère de l’Amour / Se soumettant aux lois universelles.” La délicate suggestion de la sensualité devient une source de poème: „Dans le théâtre de nos nuits / Ton corps s’abandonne / Impudique mais libre / Sur l’autel de l’Amour.”  Pour redécouvrir sa bien-aimée, le poète veut sauter sur une autre spirale du temps: „Pour toi, j’aurais aimé / Repousser les portes du temps, / Redécouvrir tes printemps, / Retrouver la palette des couleurs / De tes hauts soleils d’été”. Autrefois, le poète perçoit dans les flammes de la passion des anges déchus: „Des tourbillons d’ailes d’anges déchus / Soufflent sur les braises de la passion”. Par l’hommage de la femme, le poète est porté vers la „ Mère universelle”: „Les femmes racines, / Les femmes sources, / Le corps en germination, / Peignent sur l’orient de leur destin / Les lumières d’une flamme de fanal / Pour les rêves de la mère Universelle.”

 

L’oeil du poète perçoit ce que l’oeil commun ne voit pas: „Les ombres susurrent des mystères, / Aux alphabets des sources inconnues”. Un événement aux résonances cosmiques est pour le poète „l’apparition miraculeuse / De la femme première, /  De l’Eve nouvelle, / Encore toute ruisselante / Des adamantines eaux lustrales.” C’est à dire, grâce à la femme, l’éternel retour, la permanente recréation du monde sous les bons auspices premiers est toujours possible. Il s’avère que la poésie de Michel Bénard est essentiellement dédiée „À l’éternelle première, / Au mystère de la femme” , aux  „Femmes éveillant en nous / Le réve et le mystère.” Car la femme est „Chant de l’essentiel”, „souffle d’infini”. La beauté dans l’univers peut être comparée seulement à une femme: „Il y avait dans les sphères  / L’écho d’une musique nouvelle / Aussi belle qu’une femme”. Même l’amour du monde est enfanté par la femme: „À cet instant, soudain extasiée, / Tu enfantes l’amour / Du tout premier jour.”

 

Nous rencontrons une  belle ode à la femme qui, pour le poète, est le symbole de toutes les chaudes beautés de l’enfance: „En toi je perçois / Les chaleurs d’été de l’enfance”. La femme est pour le poète l’air à respirer et le mystère de la renaissance: „Je te respire. / En toi il y a / Ce mystère d’oiseau pétrifié / Renaissant de la pierre.” C’est à dire que la femme est le centre de la vie. Le poète découvre toujours de nouveaux côtés, émouvants, dignes d’être chantés, de la femme, comme les reflets des „Mystères universels / Aux méandres cosmiques” ou „ces subtils parfums / Aux essences d’éternelle beauté.”

 

Il reste en relation poétique avec d’autres mondes: „La musique intérieure se fait singulière, / Mélodique ou symphonique / Nous venant d’un autre monde”. Ou il peut sentir les „parfums du temps” , ses sens sont acutisés et spéciales, il perçoit „l’irisation des lumières divines / Nous drapant de fragments d’éternité ”. Aussi, il perçoit les relations entre l’éternel, l’amour, la lumière : „C’est le chant éternel / D’une symphonie inachevée./ C’est l’amour devenant lumière”.

 

Parfois, le poète médite au  „ monde aliéné” de son temps, que seulement la poésie peut sauver, „la poésie / qui sera la clé ”. La méditation sur le sens de la vie entraine parfois des visions plus pessimistes, il voit comment „ Doucement notre civilisation s’étiole, / Où les hommes ne sont plus / Qu’images spectrales à l’esprit élimé.”

 

Méditant sur la condition humaine, le poète découvre que „Nous nous inventons  / D’impénétrables mystères, / Pour naviguer sur l’écume des rêves”. Il remarque l’inquiétude de l’homme perdu dans l’univers: „ Pétris d’étranges incertitudes / Nous traversons les galaxies / Comme des semeurs d’étoiles, / Des arpenteurs d’utopies”. En même temps, il chante le miracle de la main: „Mystérieuse destinée de la main, / Ébauchant la ligne indéfinie / Du monde d’entre deux / paysages de brumes intemporelles”. Le poète est convaincu que la poésie a un message céleste qu’il faut écouter: „Écouter dans le vent/ Le message céleste de la poésie.”

 

„En hommage à l’oeuvre du peintre «intuitiste» Franco Cossuta «Le Christ évanescent»”, Michel Bénard essaye de définir l’essence de Christ: „ On dit de Lui / Qu’il fut « le fils de l’Homme» . /  Aujourd’hui il n’est plus / Qu’une lumineuse espérance, / Une fragile et volatile évanescence, / Une inconsciente entité. / Il est là, telle une blessure / En souffrance d’humanité. / Ses ondes vibrent à l’infini, / Se font l’émanation du sublime, / Du souffle universel, / De la respiration cosmique.” On voit qu’il sent Christ se confondre avec le souffle universel qui ravive notre monde.

 

Méditant sur la relativité de la vie de l’homme, de l’existence, l’auteur souligne qu’il est nécessaire que le poète, pris entre les mots et les livres, n’oublie pas la vie palpable d’autour de lui: „Au seuil de ce temple sidéral, / Avancer vers la connaissance, / Redécouvrir le signe, / Recomposer la lettre. / Au coeur de ce cénotaphe / L’homme a-t-il encore sa place ? / Le monde s’échoue profané / Aux pieds du poète consterné / Qui consulte les lames de l’oracle. / Il se perd dans ses livres / Et en oublie la signification de la parole. / Mais il se donne encore le temps / De respirer le parfum des fleurs, / Et de préserver une main / Pour esquisser le galbe d’un sein / Et la courbe d’une hanche.”

 

Le parallélisme entre l’encre et la lumière revient obsessionnellement, ce sont deux sources de création : l’encre crée des mondes sur la feuille de papier, la lumière crée des mondes dans l’espace cosmique ; mais toutes les deux ont besoin des „graines d’amour„ : „Le frémissement d’une goutte d’encre, / Sur l’inconnu de la feuille blanche. / C’est l’ombre et la lumière, / L’ébauche d’un fabuleux voyage / Essaimant ses graines d’amour / Tout autour de la terre. ”

 

Michel Bénard ne fatigue pas d’affirmer sa confiance dans le verbe et le poème, qui restent toujours connectés aux énergies suprêmes, d’où ils proviennent: „Restituer au verbe son origine / D’arabesque suprême” et „Ce matin le ciel est en déchirure / Le poème seul en sera le baume.”

 

Esquissant une définition personnelle du poète, il réaffirme aussi sa confiance dans le pouvoir de la lumière : „ Serviteur de civilisations, / Illusionniste du Verbe, / Amoureux de la vie, / Le poète de la guidance /  Comme une comète de feu / Strie le ciel de pages d’espérance, Il laisse se déployer / Dans le labyrinthe des couloirs / Du coeur et de la raison / Les grandes voiles de lumière.”

 

Le rôle du poète est celui de voir ce qui échappe généralement, de voir  : „ Sous l’éternel masque des hommes” et de plus „Aller jusqu’aux sources de l’intime / Où le grain de l’image / Développe son odeur , / Où toute l’alchimie du nombre d’or / Transmute la densité de l’homme / Et la spiritualité d’une icône. / C’est le passage fragile / De la vie à l’image, / Où tout ne tient que dans / Un fragment d’utopie.”

 

Le poète cherche la divinité  „Sous les étoiles du dôme bleu” et il a la révélation de sentir sa présence: „La musique coule avec les eaux lustrales. / Sur les perles de cristal tombées du ciel / En cet instant divin, / Si « dieu » n’est pas visible / Peut-être n’est-il pas loin !”.

 

Le rapport entre l’éternel et le mystère de l’univers attire souvent l’imagination poétique de Michel Bénard : „Sous les stèles du ciel / Je rêve sur l’abside des mystères / Libère les papillons de mes songes / Vers l’arche cosmique.”

 

D’y naît la méditation à la naissance du monde: „Sur la ligne bleue / De la naissance du monde, / La mémoire du ciel s’embrase / Au rythme des étoiles musiciennes.”. 

 

Le poète trouve partout la beauté: „ Surprenante beauté / D’une fresque en rosace / Patinée, corrodée, érodée, / Sous l’arche gothique, / Dans le feu des vitraux / Fragmentant de lumière : Le voile de Véronique. / Fascinante beauté / D’une fresque entrevue / Juste le temps d’un orage / Au-dessus du tourment profond / De l’arbre aux corbeaux.”

 

Pour Michel Bénard l’écriture devient une force cosmique:  „ Toi dont l’écriture / Traverse la chair/ Et ennoblit l’âme, / Réintègre l’essentiel” et aussi „Inconsciemment nous touchons / À d’ineffables beautés, / Où les lettres s’érodent / Avant de s’embraser / Au seuil des portes de l’imaginaire.”

 

La méditation occupe une place centrale dans la poésie de Michel Bénard:  „L’homme s’interroge/  Sur l’éphémère fragilité / De l’existence et des songes.” L’idée de l’éternel retour l’attire : „ Il retourne aux gestes fondateurs / Endormis dans l’argile,/  Restitue le souffle initial”. Et finalement il affirme sa conviction dans la pérennité de la vie: „ Sous l’aile brisée de l’ange en bronze / Le menhir sépulture se dresse / Au coeur des pierres, / Comme un rappel symbolique / À la pérennité  de la vie.”

 

Ce grand poème finit par un art poétique :  „Voyez c’est l’arche de passage / Où je retrouve la position foetale, / Le sang de la terre et la sève de l’univers.”  La poésie offre le code pour déchiffrer les mystères de la terre et de l’univers. La voix du poète est inspirée par le ciel et c’est ainsi que la poésie devient, en fait, un parcours initiatique: „ Un rayon vert descend du ciel / Sur l’officiant du temple. / Les voix célestes des femmes se fondent / Aux volutes des fumées d’encens, / La nef s’est inversée / Pour le grand voyage initiatique.”

 

Leçon de haute poésie et de haute esthétique, le recueil „D’encre et de lumière” va s’imposer parmi les créations mémorables de ce temps. 

 

Elisabeta Bogățan

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