Une petite fleur, sentant sa fin venir,
En voyant que faner lui donnait des migraines,
Afin de préparer, au mieux, son avenir,
S’empressa sur le champ de fabriquer des graines.
L'une d'elles, bohème, avec le vent d'Autan,
Partit à l'aventure à travers les nuages
Et vola jusqu'au jour où le vent, s'essoufflant,
Décida qu'il fallait mettre un terme au voyage.
Il posa la pauvrette au milieu d'un désert,
L'abandonnant en prise avec des grains de sable
Qui, tous, la regardaient plus ou moins de travers.
Une étrangère, ici, ce n'était pas pensable !
Elle eut beau déclarer que sa mère était fleur,
Qu'un jour, en grandissant, elle deviendrait belle,
Très vite, elle comprit que, n'étant pas des leurs,
Chacun s'efforcerait de lui chercher querelle.
La graine s'endormit pour oublier ses maux
Mais fut, lors d'un orage éclatant sur la dune,
Réveillée en sursaut par une goutte d'eau
Qui lui dit : « Permettez que je vous importune ! »
Un germe se forma, une tige, un bouton,
Puis une marguerite apparut souveraine.
Alors, les grains de sable, épris d'amour, dit-on,
Se battirent entre eux pour épouser la reine.
À la fin des combats, le valeureux vainqueur
Que l'on couronna roi pour prix de son mérite,
Prit la main de la fleur qui lui offrit son cœur
Et s’en fut effeuiller la Reine Marguerite. »
©Gérard Cazé
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