A Jean Orizet
Le vin du jour
a perdu sa couleur
et l’aube se mélange
au sang du crépuscule…
Les mots n’ont plus de force
et dans ma bouche triste
l’image aux ailes d’or
est devenue caillou…
Sous les lèvres des fleurs
je ne sens plus
le trouble des parfums
où dansait l’espérance…
Suicide du baiser
esquisse d’un silence
qu’aucun bruit ne bouscule…
Le quotidien pourchasse
les voix imaginaires
immenses et vagabondes
dont la semence vive
contient son propre jour…
Rebelle à ces lois
qui font de l’existence
une prison de chiffres
une fosse tranquille
l’enfant du rêve
comme un ange infidèle
s’oppose au soleil noir
d’une vie de mensonges…
Tel un cœur obstiné
refusant l’agonie
le rêve de l’enfant
aux yeux de Poésie
apporte à l’homme sombre
cet amour oublié
dans une vieille malle
où trop souvent les êtres
entassent leurs envies…
Mais ces renoncements
qui encombrent nos ans
sont un monde effacé
qui contient je le sais
notre belle jeunesse
habillée de nos joies
et de notre innocence…
Nostalgie d’un hier
toujours féérique
et de nos passions
voyages chimériques
perdus dans la poussière…
Instants sacrifiés
sur l’autel du vulgaire
que sont-ils aujourd’hui ?
des mannequins en haillons
qui surprennent nos sens
quand nous les regardons
réveillant le passé
rougissant nos joues
retrouvant la chaleur
et le mouvement
aérien de nos corps…
Ironie des objets
à la mémoire folle
au-delà de la mort…
Mais pour sauver mon âme
du banal… du médiocre
je dois toujours franchir
la ligne sans reflet
et provoquer la déchirure
et confronter mon sang
à l’extraordinaire !...
© Victor Varjac
Antibes, 19 novembre 2011
Extrait du recueil « Les fiançailles de l’aube » aux éditions Chemins de Plume
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