A ma mère
Les jours ont envahi
les berges de l’enfance
et le rêve encore vierge
est devenu confident…
Les chemins sont des pas
qui se multiplient
comme autant de promesses
à la course légère…
Tu étais un arbre
si jeune
qui s’émerveillait de tout
marchant près de la Source
et buvant le ciel
aux murmures d’espérance…
Mais la guerre est entrée
mutilant à jamais
ton visage innocent…
La fête prit fin
dans les flammes
d’une saison
que les armes brisèrent
pour le profit
de quelques-uns…
Ton rire émerveillé
devint un souvenir…
Le quotidien recouvrit
le sentier du bonheur
d’une blessure noire…
Les heures aux joues creuses
traînèrent dans la ténèbre
un monde si lointain
qu’il n’avait plus de corps…
Heureusement
ton cœur voyage
plus droit… plus fort
que la triste souillure…
Il cache une lumière
qui ne s’épuise pas
Derrière ton visage
où les ans sculptent
avec lenteur
l’astre de la vieillesse
j’entends toujours
le rire cristallin
de la petite fille
qui parlait aux fleurs
aux nuages qui filaient
toutes voiles dehors
vers l’horizon moqueur…
Tes quatre-vingt-sept ans
retrouvent la marche
des chemins d’autrefois
et dans le miroir des anges
le rêve de l’enfant
est une signature
qui ne s’efface pas !...
© Victor Varjac
Antibes, 22 octobre 2011
Extrait du recueil « Les fiançailles de l’aube » aux éditions Chemins de Plume
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits