Il est frappant de voir aujourd’hui que le peuple silencieux des végétaux sort de sa cachette pour entrer dans notre quotidien.
Notre société réapprendrait-elle à aimer dame Nature ?
« Pourquoi meurt-il l’homme dont la sauge pousse dans le jardin »
Ce vers, que les médecins de l’école de Salerne, célèbre au Moyen Age, ont consacré à la sauge, est le plus bel hommage aux bienfaits de la nature.
Bosquet, haie et fossé sont, outre la beauté qu’ils portent, des trésors de générosité.
Les poètes en ont fait des sonnets pour les déclamer à la veillée.
Je viens aujourd’hui vous parler d’une plante, papilionacée bien connue en ce mois de mai. C’est le genêt.
Sa fleur jaune qui sent si bon le miel, regardez-la d’un peu plus près : vous y verrez le fameux étendard dressé, et, à son pied, la carène en forme de bateau.
Observez bien la carène par-dessus ; de chaque côté se présentent deux protubérances : ce sont des repose-pattes pour les bourdons.
A l’atterrissage, sous son poids, le bourdon fait ouvrir la carène d’un seul coup.
Aussitôt, de longues étamines jaillissent pour lui projeter par-derrière un petit nuage de pollen sur le dos.
Pour assurer le coup, les courtes étamines s’y mettent pour, par-dessous, lui en coller sur le ventre.
Après, retour direct à la ruche pour servir dame abeille.
La fleur et l’insecte sont liées par des ententes amicales et profitables pour les deux.
La fleur du genêt n’existerait pas sans le bourdon et, à l’inverse, il n’y aurait pas d’insecte si les plantes, il y a des centaines de millions d’années, n’avaient inventé la fleur et ne cessaient de la perfectionner.
Dès le onze mai, si vous le pouvez, partez à la rencontre de la fleur du genêt et du bourdon. Ils vous confieront leur secret.
*Tutoiement poétique autorisé, même aux adultes
©Roland Souchon
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