Textes transmis par Jeanne CHAMPEL GRENIER
Ce dimanche 19 avril 2020, notre ami Louis DELORME nous a quittés nous laissant des montagnes d'écrits, de peintures, de sculptures, sans compter ses ''recensions'' à la fois fines et profondes que chacun garde en souvenir. Louis nourrissait une affection particulière pour Thierry SAJAT qu'il considérait comme un fils, un fils aimant et droit. Claude LUEZIOR, ce grand poète plein de fraternité, nous avait présentés l'un à l'autre, Louis et moi, car il avait deviné en nous une fibre semblable qui nous a miraculeusement permis de tisser ensemble nos mêmes passions durant quatre années d'amitié profonde, inaltérable. ''Mon frère en poésie'', comme le dit son épouse Michèle, a écrit une foison de textes pleins de force, souvent dénonçant les travers humains sans toutefois s'ériger en juge, d'autres les plus nombreux, exaltant la beauté du monde pour l'oeil de qui sait la voir ; mais, pour ma part, je dirais que les poèmes de Louis les plus beaux sont, incontestablement, ceux écrits à son épouse aux yeux de ciel et de pervenche, ceux faisant allusion à leur bonheur. Ils respirent l'attachement véritable, sans effet de style, sans débordement, des mots simples et urgents que l'on pourrait dire encore à deux doigts de perdre la vie.
Jeanne Champel Grenier
UN APRES COMME ON LES VOUDRAIT
(Extrait du recueil ''Prolongations''2018)
Je voudrais m'endormir un soir sur ta gondole
Celle qui m'a bercé tout au long de mes jours,
Où j'ai pu rassembler tant de rêve et d'amour,
Où le geste fut joint toujours à la parole.
J'aimerais qu'on me joue l'ultime barcarolle
De cette belle vie nous avons fait le tour :
Je crois que je ne t'ai pas assez fait la cour,
Pourtant tu m'as guéri de bien des idées folles.
Je l'imagine doux le tout dernier sommeil
Et je ne souhaite pas qu'il y ait un réveil,
Si c'est pour déplorer ton éternelle absence.
Il était enchanteur l'inattendu cadeau
De la vie et je dois mesurer notre chance ;
Que le spectacle cesse au baisser de rideau !
©Louis Delorme
* * *
QUE SERAIT L'UN SANS L'AUTRE
La séparation de deux êtres est la pire des choses
Les lagons de tes yeux, dans mes pensées secrètes,
M'emportent au soleil d'îles au regard bleu,
Où la vague, ondulant ainsi que des cheveux,
Te ressemble beaucoup, fille de mes tempêtes.
Les rochers modelés de tes hanches parfaites
Se laissent caresser par le couchant qui pleut,
Je ne sais pas pourquoi ! Pour exaucer mon vœu
Mille rayons dorés me tournent dans la tête.
Si tu n'existais pas, ma vie serait sans foi ;
Je me le dis souvent ; « Que serais-je sans toi ? »
-Un de ces gars paumés qui désertent le monde,
Et pour avoir la paix, s'enferment dans leur tour ;
Je sais que pour ma vie l'espérance se fonde,
Chaque jour que Dieu fait sur un peu plus d'amour.
©Louis Delorme
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