Comme une histoire ordinaire…
Lorsque j’ai été embarqué
Dans le luxueux train
On ne m’avait pas dit
Qu’on me jetait dans la vie…
Curieux voyage, dès ses débuts
Après le passage d’un rude tunnel
Ce fut une éblouissante lumière
Qui me donna l’envie du retour
Mais un infranchissable sens interdit
Me bloqua pour de bon dans cette vie !
Sur le moment, j’ai eu très froid et puis tant de bruit !
Et, de plus, on m’obligea brutalement à respirer !
Mais fort heureusement, je reçu une consolation
Un peu de merveilleuse douceur au sein
Avec le délicieux parfum du lait de maman
Et, en prime, le sentiment étonnant d’être aimé !
Soudain, j’entendis une grosse voix
C’était celle de papa !
Et une beaucoup plus chétive
Celle de mon grand frère, ce cadeau !
Pouvait alors commencer
Cet étrange voyage que, par ici, on nomme la vie
Avec, très vite, la certitude, rien n’étant parfait
Qu’il y aurait un cruel terminus !
Ah si j’avais su…
Serais-je seulement venu ?
Serais-je monté dans ce train
En sachant que c’était sans retour ?
Pourquoi l’aurais-je pris ce direct
Qui m’éloignait du Paradis
Pour me mener vers un tragique enfer
Peuplé, il est vrai, de quelques joies…
Mais je découvris trop vite
Que la vie d’ici était surtout
Un océan de souffrances et de larmes
Et que personne, aucune vie, n’y échappe !
J’aurais préféré ne jamais venir
Ne pas perdre si vite mon innocence
Au contact des envies et de la folie
Qui nous prend si vite dans ce monde
Ce monde cruel par ses maladies
Ce monde abominable imposé par les tyrans
Ce monde ridicule qui n’attache d’importance
Qu’aux fumiers qu’il nomme argent, fortune, pouvoir !
On me dit, parfois
Qu’avant le voyage
C’est moi qui ai choisi
Ce que j’aurai comme vie !
Si telle est la vérité
Ô combien je fus stupide
Au moment du choix
Pour ne pas hurler mon refus !
J’espérais longtemps
Que tout cela ne fut
Qu’un mauvais rêve…
Las, ce fut un cauchemar vrai et sans fin
Qui me fut servi
Année après année !
Désormais, et déjà
C’est la sortie qui m’attend…
Je ne sais sous quelle forme
Ni avec quelles souffrances
Je sais juste que la noire sorcière
Celle qui tous nous emporte
Me guette déjà, hideuse à souhait
L’œil méchant
Et un sourire mauvais
Sur sa face de serpent !
A nouveau, je n’ai nul droit
De refuser, de crier NON
Au sort funeste
De tous les vivants !
C’était bien une cruelle farce
Ce voyage qu’on vente tant
Cette beauté qui ne dure pas longtemps
Avant les premiers outrages de la mort…
©Jean Dornac
Lannion, le 30 janvier 2020
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