Ses moustaches en gerbe d’avoine, étirées en un malicieux sourire, annonçaient une journée d’une énergique vitalité.
Il portait une chemise aux couleurs de l’été, un pantalon de grosse toile grise et un chapeau à larges bords planté de biais sur des cheveux blancs frisés.
Ses yeux de lac bleu s’émerveillaient à la rencontre de la silhouette musicale d’un peuplier dans le vent.
Il aimait ces journées passées avec des amis ancrés depuis des générations dans ce pays où rudesse et douceur se conjuguent.
Il s’engageait sans retenue avec talent et imagination pour maintenir la vie dans la joie, fier d’appartenir à cette Auvergne fraternelle.
Au fond d’un vallon ou sur une éminence, le Haut-Livradois lui chantait sa romance.
Sa grande fierté, il l’a tenait de sa connaissance des arbres. Son ancêtre, scieur de long, lui avait confié ses secrets.
Il distinguait du premier coup d’œil le bourgeon-feuille du bourgeon-fruit.
Sur sa montagne granitique, par les prés, les champs et les bois, il s’en allait à la rencontre des merisier, sorbier, alisier, sapin pectiné et sapinière à myrtilles.
Sur chaque arbre, il sentait palpiter l’aubier sous l’écorce. Ses mains rugueuses s’attardait le long du tronc pour échanger une confidence.
Il disait souvent que les arbres étaient des amis fidèles, des compagnons de vie pour ne jamais être seul.
Le parfum du genêt et de la fougère embaumait ce monde vivant.
Sur le chemin du retour, il croisait le paon du jour s’accordant une halte sur la scabieuse pour lire le passage du vent.
Tandis que là-haut, sur les Hautes Chaumes, le traquet motteux coulait des jours heureux sur son éboulis de pierres.
©Roland Souchon
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