
Il broussine, une étamine d’eau colle au jour et Maurice tôt levé s’en va vers son bonheur. Le vent l’accompagne, un brin soufflant, pas bien méchant, mais quand même les feuilles tombent, glissant aux sentes molles. Lui ne glisse pas, il a bon pied Maurice et son brodequin graissé bouscule sans mal l’automne à ses pieds.
Le sous-bois halète, de-ci de-là, un pelage en glacis d’eau couvre le sol, de rouge, de jaune, de brun sanguin. Sur les souches, la langue des mousses verdoient, repues. Non loin, les sources papotent. Maurice s’étonne, comme à chaque fois qu’il vient il s’étonne, émerveillé par tout ce beau qui l’entoure.
Sous la coulure du matin, il plisse les yeux, cherchant à l’oreille les sources qui s’égaient. Pour ces gamines, il a façonné une fête foraine de fontaines et de bassins. Une roue les enlève, un tuyau les propulse et, troussées, elles versent mousseuses. Les enfants c’est pas simple et encore moins les filles et pour Maurice rien ne vaut l’œil d’une mère. Alors, à proximité, sur une rocaille, il en a placé une, une petite pour veiller ; une toute petite vêtue d’eau blanche et bleue.
Ce matin, c’est grand fête.
De partout, les bassins débondent.
Les mares s’emplissent.
Les flaques grossissent.
Ça pisse, ça rote.
La goulotte rigole : la voix des sources.
Et N.D, naufragée dans sa grotte, clapote au bain de l’automne.
©Béatrice Pailler
Lieu-dit les Pisserottes commune de Corfélix / Marne
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