
(À cet enfant migrant de 14 ans, noyé en mer
avec son espoir et son bulletin de notes de bon
élève cousu dans son vêtement )
Dans les hautes branches de l'arbre Solitude
il a laissé grimper son âme menacée
C'est un grand baobab aux mille bras dressés
qui porte les questions du peuple agenouillé
Il est monté avec sa négritude
voir le soleil qui devait se lever
Longtemps il a guêté des signes d'amplitude
qui viendraient refleurir son horizon brûlé
Là, il est devenu un oiseau du vertige
« De quel côté l'aurore ? De quel côté la mer ?
Et d'où viendra la pluie ? Et d'où viendra la vie ?
Un oiseau sur le fil du rasoir de son rêve
Un oiseau acculé à renier son nid
Tremblement de l'esprit qui sait qu'il doit partir
bien au-delà de son arbre de vie
bien au-delà de l'argile maternelle...
Et qui l'attend là-bas ?
Sinon l'insondable profondeur
de la peur et du rejet
cet insondable trou noir capable de noyer
l'insubmersible espoir en apesanteur
le souriant visage de l'ange fraternel
assis au coin de soi
et qui ne trouve pas la voie
seule la voix blanche
seul le glacial abîme
des hauts fonds
de l'Indifférence
© Jeanne CHAMPEL GRENIER
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