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21 avril 2019 7 21 /04 /avril /2019 06:27

Nicole Portay : «  Fileuse d’espoir » Editions les Poètes français –

Préface Michel Bénard – Illustrations Auguste Haessler -

Format 15x21 – Nombre de pages 83 -

 

 

                                                        Préface

 

La poésie est révélatrice de signes, sans doute est-ce pour cela qu’il me fallut les ailes de l’ange de Reims et les chants Grégoriens de l’abbaye de Solesmes pour prendre mon envol avec ce recueil des plus prometteurs de Nicole Portay « Fileuse d’espoir. »

La route suggérée est longue, semée d’embûches, de méandres, d’arcanes, mais aussi de lumière forte d’espérance.

Là tout est brodé de vers riches, personnalisés, d’un vocabulaire précieux aux symboles incontournables et chargé d’images imparables.

Et si la poésie était une question de survie, de salut, alors mieux vaut sous le sceau de la confiance emboiter le pas sécurisant de la « Matriarche ».

La « Fileuse d’espoir » est en fait une semeuse qui patiemment veille en son jardin refuge à la germination des graines sacrées.

Si l’ombre est parfois présente dans cette œuvre, c’est pour mieux percevoir la lumière, la caresser et la déposer à sa juste place, là, précisément au centre du cœur et de l’esprit jusqu’à l’enchâssement escompté.

Nicole Portay avance en poésie dans une posture semblable à celle du pèlerin de station en station sur les degrés de l’élévation. Ses vers sont assoiffés de liberté, sont ciselés, sont peaufinés, la qualité d’une écriture soignée est la meilleure garantie pour l’élévation et la compréhension de la poésie, cela notre poétesse l’a parfaitement compris.

Bien loin des textes des premières heures, désormais nous sommes face à une véritable métamorphose, similaire à l’image de la chrysalide carapacée allant jusqu’à l’éclosion d’un merveilleux papillon multicolore.

Si Nicole Portay rêve parfois de devenir poète, elle l’est bel et bien et sur une margelle élevée.

Le poète est assimilé au magicien, au sourcier qui avance avec sa baguette de coudrier et c’est bien ce qui est évoqué dans le poème « Baladin », il traverse le miroir, il parsème de poudre d’or les terres en jachère et :

 

« ...rend la semence de l’univers

Au sillon de la terre. »    

 

Il faut donner du corps à la poésie, de la composition, passer à l’action, au partage, à l’échange, à la valorisation, imposer pacifiquement la poésie en « humble magicien ».

 

Le simple titre de ce recueil « Fileuse d’espoir » n’est-il pas synonyme des présages les meilleurs, vision symbolique de cette fileuse de lumière qui tient patiemment et confiante le devenir du monde entre ses doigts d’expérience

L’actualité impose son drame à notre poétesse, elle la taraude, surtout lorsqu’elle atteint des sommets de honte et d’injustice. Alors, Nicole Portay avec ses modestes moyens part en campagne, porte haut sa bannière contre la : « .../... violence annoncée/ Par l’anathème barbare. »

  

Savoyarde de naissance, un souffle provençal nourrit sa plume et c’est une belle aubade qu’elle offre au « Pastoureau » des abeilles, une sorte de défi à féconder lorsque « sonne le glas de l’univers » jusqu’à voir s’épanouir les graines de l’espoir.

Cette poésie est une véritable mosaïque constellée de tesselles colorées, de joyaux révélant toute la richesse d’un langage pertinent et précieux.

Des mots choisis, des mots sélectionnés, des mots clés sont les ingrédients glanés par Nicole Portay pour donner de l’intensité à la pensée fondamentale de sa poèsie.

Cette dernière se suspend souvent à la voûte céleste, aux espérances des étoiles, ne cherchez pas entre ses lignes une connotation religieuse, mais plus précisément un geste agnostique ancré dans le sacré, dans les sphères du mystère de l’univers.

 

« Gestuelle sculptée d’une irréelle prière. »

 

La poétesse Nicole Portay porte des yeux d’amour protecteur sur ses petits-enfants et les invite à danser au bord des étoiles.

 

« Comme le pain respire

Je te donne le souffle

D’une première lueur du jour »

 

Musique et poésie furent toujours intimement liées, âme sensible et vibrante comme une corde de violon, notre poétesse n’échappe pas à la règle, et à la musique des hommes se mêle celle de la nature, du vent, des oiseaux, du silence.

 

« Ecoute, c’est un souffle d’âme qui passe,

Il nous effleure. »      

 

Les textes sont porteurs de leur propre musique, de leur cadence, ils s’écoulent enrobés d’un verbe miellé porteur des parfums des collines.

Ici et là, nous croisons quelques néologismes des plus sympathiques et évocateurs tels, « poésiamour » ou « créaction » etc. Belle preuve d’une vraie volonté novatrice.

Sur cette voie poétique, ce ne sont que nuances douces et légères, dentelières et roses à cœur, intimes et solaires. Sorte d’initiation sentimentale pour l’amour informel, celui dont on rêve mais qui demeure impalpable.

Il est parfois des blessures qui saignent au fond du cœur, cachées, secrètes, clandestines qui s’habillent et se cautérisent des baumes de la poésie pour redevenir flammes résurgentes, bourgeons renaissant à la vie.

 

« Offerte par le Verbe alchimiste.../...

.../...Comme une eucharistie charnelle. »

 

La vie nous place sans cesse sur un fil en équilibre, où tout à chaque instant peut vaciller, basculer, mais ici encore le poète se fait funambule, allant de son balancier effleurer l’espérance jusqu’à tutoyer les étoiles.

Dans la poésie de Nicole Portay il y a toujours une promesse, un merveilleux instant de providence, une lumière nouvelle qui voudrait soulever le monde et faire naître dans un jardin protégé des essences nouvelles.

Sous certains aspects cette poésie subtile est érigée sur la frange d’un mystère ésotérique, avec ce ressenti d’aller au-delà du miroir, de surpasser les illusions et de pénétrer enfin dans le temple de lumière. Cependant notre poétesse a conscience que la voie initiatique pour retrouver l’origine de l’amour la plonge dans l’épreuve des défis et des tolérances.

Alors peut-être est-il sage de se fier à son ange qui viendra de ses ailes :

 

« Enlacer les blessures de ton âme

Sur un fil d’argent naissant. »

 

Au nom de la « créaction », racine première de l’acte de poésie, il ne nous reste plus qu’à nous faire les émissaires de la paix, de brandir les bannières de l’amour universel et de nous nourrir d’espoir dans :

 

« Le reflet d’une goutte d’eau

Blottie dans le bec du colibri. »

 

Par cette note sublime de vie, le temps est venu pour vous de rentrer en poésie portayienne.

 

Michel Bénard

 

Lauréat de l’Académie française.

Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres

Poeta Honoris Causa.

 

 

« Fileuse d’espoir », de Nicole Portay - Recension de Michel Bénard
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