
Moi, ton pigeon qui roucoule
à chaque fois que ta chair fond sous ma langue
en me laissant tout, sauf un goût amer, au passage,
comment parviendrais-je à ne plus soupirer
quand je crois avoir décodé tes billets doux
et que l’émotion me prend à la gorge,
après que les mots, sillons du cerveau devenus cerfs-volants,
jadis peu volubiles, à présent si sûrs d’eux-mêmes
- Enfin, si l’on peut dire -,
à leur tour, aient volé en éclats.
Et toi, ma Beauté, mon Canon, ma Bombe,
aussi intrépide que désarmante,
ange qui passe et qui repasse à travers ma vie,
sans poudre de riz ni habits de cérémonie,
au rythme habituellement indécis des points de suspension,
qui rit dans la plupart des cas plus qu’elle ne pleure.
ô Toi qui m’es jeu et joie tout à la fois,
la plus parfaite imperfection
qu’il me soit donnée de rencontrer
en ce jour de grâce où le silence a raté son entrée,
te voilà de retour auprès de celui qui,
ayant mal digéré le fait
d’avoir dû manger de la vache enragée
durant près d’un quart de siècle,
annonce avec fierté qu’il sera d’ores et déjà
la proie de tes prochains sortilèges.
©Michel Duprez
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