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12 janvier 2019 6 12 /01 /janvier /2019 07:36
©Dessin de Jeanne Champel Grenier

 

 

 

 

Personne n'entendait la lourdeur du silence

Un silence trop vieux et trop jeune à la fois

Car les voix s'étaient tues, tristes, désabusées

Foin des consultations qui ne menaient à rien 

Dépourvus on était et on cachait sa honte

Valait mieux rester sourd ne pas participer

Or, certains s'éveillèrent pour demander des comptes

On était en décembre, tout fit boule de neige

 

Ils étaient tous partis réclamer en haut lieu

Ce qu'on leur refusait et qui leur semblait dû

S'agissait-il d'impôts, s'agissait-il de taxes

S'agissait-il d'essence dont le prix augmentait

Il s'agissait surtout de sauver la décence

Décence des salaires, décence des loyers

Les Grands se moquaient bien de toute leur misère

 

Eux, avaient espéré au changement de train

Hélas, tout déraillait et les laissait au loin

Tout était si confus, avait-on bien voté ?

Personne pour porter la voix des sacrifiés

Noël n'était pas loin et les rêves aussi

Alors ils sont sortis, ceux qui avaient un toit

Et ont rejoint dehors ceux qui n'en avaient pas

On parlait, on riait, on se sentait unis

Enfin on se battait, rassemblés dans un but

Plus de fraternité et plus d'égalité !

On avait de l'esprit, les slogans fleurissaient

On se serrait la main, on se serrait les coudes

 

Oui, ils étaient partis réclamer en haut lieu

Hélas ! Chemin faisant des loups dans le troupeau

S'aiguisaient fort les dents et aussi les couteaux

On eut beau s'en méfier, l'ivraie mangeait le blé

Les casseurs étaient prêts pour tout faire avorter

Le pire est arrivé : trois morts dans la journée

Des symboles arrachés, et des rues enflammées

Des grenades, des gaz, la guerre de tranchées

 

Ils sont rentrés chez eux, les vrais, les sympathiques

Ceux qui avaient au cœur le plus grand des respects

Respect des compagnons et de la République

Ils ont nourri la mort, la louve, cette gueuse

Juste en criant très fort qu'ils vivaient de suppliques

Qu'ils méritaient aussi une vie plus heureuse

À qui sera la faute ? Qui paiera l'addition ?

Ce soir l'air est muet, les toits sont en veilleuse  

 

© Jeanne CHAMPEL GRENIER

 ( En hommage à mon père qui aurait été des leurs)

 

 

 

 

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  • Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...
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