Il est onze heures...
A l'ordre gueulé,
Dans les frimas de Novembre,
Arme au poing
Peur au ventre,
Comme un diable de sa boite
Il jaillit de sa tranchée, le Poilu...
A l'assaut, à l'assaut !
Dans le bruit des Enfers,
Du feu, du fer,
Pauvre Âme sacrifiée,
Il n'entend pas les clairons sonner
Ni les cloches de France carillonner
"C'est fini, c'est fini... Armistice, armistice !
Sur le no man’s land
A perdre haleine il court, le Poilu,
Ivre d'aimer, ivre de vivre...
Noyé dans la brouillasse de l'automne,
Fauché, haché, par les feux de l'Aigle bicéphale
A genoux il tombe, haletant,
Les mains vides sur son ventre,
Comme une fleur ouverte,
Étripé, le Poilu.
Dans sa bouche il sent
L'âcre douceur du sang
De sa vie qui déjà, s'éteint...
C'est fini, c'est fini...
Pour lui, la nuit sera éternelle
Pauvre bougre qui ne verra jamais
La bonne terre de France
Par lui et des Milliers, libérée...
Le temps a passé
Le sang a séché
Les cicatrices se sont refermées.
Ils seront beaux les champs de blés
Sous le soleil d'été,
Coquelicots et Bleuets mêlés,
Nourris de la vie des hommes
Ici tombés, oubliés...
Souviens-toi,
Il était onze heures
Déjà le pays dansait
Les flonflons résonnaient
La guerre était finie,
Eux, ici, là, mouraient encore !
Par Jack Doherty ©
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits