2 juin 2018
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Pour Michel Bénard
Au bruit de l’âtre où la flambée s’effondre, goutte menue, le chant de la clepsydre s’est perdu. Rehaussée de halos, l’obscurité qui vaque n’en est que plus souveraine. Quelques flammes errantes, éclairent, vagues, la pierre aux ombres souterraines. Au domaine de l’aragne, sur le manteau de la cheminée, s’empile un désordre ancien : vestige d’une vie. Parmi des brassées de parchemins, les infolios pleurent dans le sable des encres leurs paroles enfuies. Sous la lampe pensile, le savoir tisse la patience et, au pupitre, l’homme sage en sa croyance jamais ne désespère. Lui, il sait que, sous les soleils éteints des cuirs, la vérité dort, lumière en linceul de peau, plus précieuse que l’or et l’argent. De longues heures ont passées qui ne sont pour lui ni jour ni nuit, mais prolongement de l’attente. Parfois, une voix se fait entendre, c’est un autre lui-même qui parle à son cœur.
…Giordano, Giordano …hâte-toi, ils arrivent…
Est-ce la fin ou le commencement ? Une clameur sourde gronde au sein du silence. À la fois juge et bourreau, elle répercute l’écho d’une noise indomptable. La lumière au soupirail s’affadit. Le feu sénile caquète d’un étrange babil où se content vanités et bûchers. Prophète au corps de cendre, il ne dit rien que l’homme ne sache déjà.
…Giordano, Giordano…la connaissance est un brasier…et l’univers une geôle infinie où le temps prône l’oubli
©Béatrice Pailler
Recueil L’heure métisse
In Jadis un ailleurs L’Harmattan 2016
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