25 novembre 2017
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Trop sombre, la route figée se ferme au voyage. Le soleil buvant la poussière se mélange à la terre. La fatigue le cerne, son corps si peu aguerri se dérobe. Alors, délaissant la fuite de cet autre lui-même, ce frère si semblable : reflet inversé de son âme, dans l’ombre advenue, il s’abandonne, abattu. La roche est son chevet.
Ainsi, Jacob au creux de la terre s’est couché et la pierre opportune porte le songe.
Devant lui, dans la douceur des psalmodies, au parcours d’une échelle dressée, pullule le peuple des anges. Et l’Éternel parle à Jacob. Il écarte de ses yeux l’ignorance. Pénétré de l’avenir, de saisissement, Jacob s’éveille.
« Dieu est présent. Je ne le savais pas, car, il n’y a rien ici que moi-même boule de chair au creux de la terre. »
Il contemple la solitude nue, ceinte de nuit. Il se voit sous sa voûte, étendu. Alors, d’un murmure, il désigne la pierre :
« Il n’y a rien ici que la maison de Dieu et ceci en est le portail. »
Alors, d’un geste qui la révèle unique, il prend la pierre allongée, la dresse verticale et la nomme Beth-el.
©Béatrice Pailler Recueil «Retable »
Revue Traversées N°83
Mars 2017
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