5 octobre 2017
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Julie était sans cesse en partance, n’en finissait pas d’explorer la nature, sa maison à ciel ouvert, elle y vivait heureuse et libre. Elle se frottait au vent, à la pluie, au froid, à l’imprévu, à l’insolite et même à la peur. Toutes ces expériences la fortifiaient, rafistolaient sa vieillesse avec des lambeaux d’aventure, d’enthousiasme, de pétilance, qui se transfusaient en gouttes légères dans tout son corps.
Il fallait la voir, la Julie, trottiner sur les sentiers, le dos bien droit, les yeux brillants de curiosité, le cœur vaste comme le monde, toujours prêt à accueillir les trésors de la Terre et les partager avec les amoureux du beau.
Un jour d’automne, au bout d’une heure d’errance dans un sombre bois de pins, elle se heurta à une vigne, aux feuilles desséchées, comme rissolées sous le feu ardent d’un été sec et brûlant. Mais une feuille, une immense feuille attira son regard : elle semblait vivante, habillée de rouge, de jaune et de vert. Julie s’approcha, la prit dans sa main, la caressa longuement avec une tendresse renouvelée à chaque geste. Brusquement, la feuille se détacha du cep et se mit à palpiter comme un oiseau prêt à quitter son nid et puis, tout doucement, elle s’envola, en dispersant autour d’elle, de brillants éclats de joie. Julie suivit des yeux cet étrange oiseau que ses doigts, avec amour, avaient fait naître…
©Michèle Freud
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